Touba : saisie de médicaments illicites
Les pharmaciens en Ordre de bataille

Touba : saisie de médicaments illicites

Les pharmaciens en Ordre de bataille
Copyright © Senemedia.com


Les pharmaciens sont en colère. La saisine des produits pharmaceutiques contrefaits opérée vendredi dernier par la poste de gendarmerie de Bélel (village situé dans la commune de Touba) est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et cette fois-ci, ils ne veulent pas que cela se passe par perte et profits. L’occasion est de belle de mettre fin, une bonne fois pour toutes, à la situation inacceptable qui sévit dans ce secteur, avec ce marché parallèle de trafic et de vente de médicaments contrefaits et dangereux pour la santé de ces populations ignares et exposées. Ainsi, l’ordre des pharmaciens a-t-il déposé une demande de réparation de préjudice.

Le combat est porté par les pharmaciens de la région de Diourbel qui, réunis en conclave hier, ont décidé de se constituer partie civile, au nom de leurs collègues de tout le pays. L’annonce a été faite par le président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal, Amath Niang, lors d’une conférence de presse organisée à Diourbel. « L’ordre est constitué partie civile, en s’appuyant sur les avocats Me Abdoulaye Babou et Me Kanouté pour que le droit soit dit dans cette affaire et que les pharmaciens soient rétablis dans leurs droits. Nous avons subi un préjudice énorme », a lancé d’emblée le pharmacien.

Leur avocat, Me Babou, a ensuite relevé l’importance que revêt le dossier. Pour lui, la valeur marchande des produits pharmaceutiques saisis (1 milliard 350 000 francs CFA) doit pousser les autorités judiciaires à lui réserver un traitement particulier. Il s’est ainsi réjoui de l’évolution de l’affaire, avec l’ouverture d’une information exigée par le parquet. « Le procureur a ordonné l’ouverture d’une enquête criminelle. Cela veut dire que si les investigations aboutissent et que le magistrat instructeur conclut à un crime, le ou les personnes arrêtées dans cette affaire comparaîtront devant une chambre criminelle », informe la robe noire.

 

L’Ordre demande l’incinération des médicaments contrefaits

Me Abdoulaye Babou a par ailleurs précisé que le convoyeur des produits a été arrêté et qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre le supposé propriétaire. Le convoyeur guinéen, placée sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel, est poursuivi pour association de malfaiteurs, vente illicite de médicaments pharmaceutiques et contrebande.

Le président de la section B de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal, Docteur Ndiaye Sall, de renchérir que l’Ordre des pharmaciens et le syndicat privé des pharmaciens du Sénégal vont dérouler un ensemble d’activités pour anéantir la vente illicite des produits pharmaceutiques. Avec ses collègues, ils exigent que les produits pharmaceutiques contrefaits fassent l’objet d’une incinération officielle devant la presse et les autorités. « Nous n’allons pas accepter, cette fois-ci, que la saisie dorme dans des lieux inconnus ou qu’elle ait des destinations que nous ignorons, comme cela se faisait, précédemment », prévient-il.

Ces propos rejoignent le cri du cœur de la veille, lancé par le président de l’Ordre des pharmaciens dans les colonnes d’EnQuête. « Un sentiment de désolation, d’amertume et d’inquiétude anime la profession et toute une population. Parce que, quand un fléau pareil se présente dans un pays, cela met le système mal à l’aise. Un système de santé ne peut prospérer qu’avec une bonne politique du système du médicament. Le médicament se trouve au début et à la fin de tout processus. Il faut un médicament de qualité pour pouvoir garantir la santé des populations », déclarait Dr Amath Niang selon qui la saisine de médicaments contrefaits pour une valeur de 1,35 milliards de francs interpelle à tous les niveaux de responsabilité. « Si dans un pays, on peut se permettre de saisir une quantité aussi importante de médicaments contrefaits, cela interpelle certaines responsabilités. En plus, cela s’est passé à Touba, qui est considérée comme la deuxième ville du Sénégal ». Parlant de « crime organisée », il avait justement fait remarquer qu’on offre à « des gens, qui sont dans le besoin de se soigner, des soins défectueux ».

Dans cette affaire, les faits se sont déroulés vendredi dernier, dans la ville de Touba. Le poste de gendarmerie de Touba Bélel, informé par un coup de fil anonyme, a arrêté deux camions transportant des médicaments contrefaits de la valeur précitée. Après avoir immobilisé les deux camions, les hommes en bleu ont arrêté le convoyeur. Mais, les deux chauffeurs qui transportaient les médicaments contrefaits ont échappé à leur vigilance et pris la tangente. Tandis que le propriétaire dit-on, est allé se refugier chez son marabout, mettant dans l’embarras la maréchaussée.

 

Contexte tendu

Cette saisie intervient dans un contexte tendu. Dernièrement les pharmaciens privés du Sénégal avaient violemment dénoncé la décision de la gendarmerie de Darou Mousty de restituer des médicaments saisis, évalués à 1,2 tonne, leurs propriétaires. Alors qu’il s’agissait de médicaments, de l’avis de pharmaciens, périmés. Ceux-ci avaient envisagé plusieurs actions notamment d’organiser une marche nationale et une journée sans pharmacie. Ils avaient aussi promis d’alerter la CEDEAO, ainsi que l’Ordre des pharmaciens francophone et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Actuellement, les blouses blanches ont sans doute raison de se constituer partie civile, puisque les individus arrêtés à Darou Mousty avaient été libérés. Alors même qu’il s’était agi d’une opération entrant dans le cadre de la lutte contre les médicaments contrefaits menée par le Comité national de lutte contre les faux médicaments, en collaboration avec Interpol.

« Chat échaudé craint l’eau froide », dit l’adage.

 

(Source EnQuête)







Commentaires (0)

Auteur :
 

Commentaire :




DANS LA MEME RUBRIQUE

Louga : les autorités invitées à œuvrer pour “la réussite totale” de la deuxième phase du projet KOICA Santé
Louga : les autorités invitées à œuvrer pour “la réussite totale” de la deuxième phase du projet KOICA Santé
Les facteurs humains responsables de 90% des accidents de la route (ministre)
Les facteurs humains responsables de 90% des accidents de la route (ministre)
Jaxaay : Un ancien militaire battu à mort
Jaxaay : Un ancien militaire battu à mort
Mimi Touré sur l'accident de Koungheul : "Vivement une révolution routière"
Mimi Touré sur l