Les constitutionnalistes ne parlent pas le même langage. A chaque fois que le débat sur les mandats du président de la République se pose, ils donnent des avis divergents. Le constitutionnaliste Mounirou Sy prend le contrepied de son aîné le Pr Babacar Guèye qui estime que le Président Macky Sall pourrait briguer un troisième mandat s’il est réélu en 2019 parce qu’il n’y a pas de dispositions transitoires qui prennent en compte le mandat actuel. Pour l’ancien directeur général du Bsda, il n’y a pas l’ombre d’un doute que le mandat actuel du Président Sall est pris en compte. A l’en croire, le législateur n’avait pas besoin de mettre des dispositions transitoires, sinon ce serait de la redondance. Pour bien appréhender cela, M. Sy pense qu’il faut partir du projet de décret que le Président Macky Sall avait adressé au Conseil Constitutionnel. A l’en croire, il n’a jamais été question du nombre de mandat, mais plutôt de la durée du mandat. Mounirou Sy rappelle qu’« au 6^ème point du projet de révision de la Constitution, on parle de la restauration du quinquennat. La décision rendue par le Conseil Constitutionnel n’a pas parlé du nombre de mandat parce que la question est réglée depuis la révision de la Constitution de 2008. Ce qui est constant, c’est que lorsqu’il y a évidence on proscrit la redondance, d’où le non intérêt d’une disposition transitoire parce que le texte constitutionnel n’est pas conjoncturel, son caractère est permanent ». Co-auteur du texte soumis au référendum, il explique : « dans le projet de décret, il ne s’agissait pas de se demander si c’est le mandat de 5 ou 7 ans qui est renouvelable. Ce qui était admis, c’est que le mandat présidentiel est renouvelable une seule fois. Le Président Macky Sall n’a pas jugé utile de soumettre cette question au Conseil constitutionnel parce qu’elle est devenue une évidence depuis 2008 ».

« JE SUIS EN PHASE AVEC LE PR BABACAR GUEYE POUR UN MANDAT UNIQUE DE 7 ANS »

Il ajoute que le changement de style rédactionnel de l’article 27 de la Constitution lève tout doute sur la question de la prise en charge du mandat en cours de Macky Sall. Il stipule dans son dernier alinéa que nul ne peut avoir deux mandats consécutifs alors qu’on disait auparavant que le mandat du président est de 5 ans et il est renouvelable une seule fois. En définitive, précise Mounirou Sy, « si le Président Macky Sall est réélu en 2019, il entame son second mandat parce qu’il est le dernier. Ce qui est intangible, c’est l’interdiction de plus de deux mandats consécutifs. Par exemple Me Abdoulaye Wade peut se présenter à la présidentielle de 2019 ».

Pa ailleurs, le constitutionnaliste est en phase avec son collègue Babacar Guèye pour un mandat unique de 7 ans. Toutefois, il préconise de larges concertations avec les acteurs politiques pour trouver un consensus. Pour lui, il faut copier le modèle de Corée du Sud, car il permet d’éviter les sempiternels débats sur le nombre de mandats qui instaure l’instabilité et attise l’adversité.

 (Source L’As »