Le garde du corps de Moustapha Cissé Lô joue le jeu
Vaste réseau d’escroquerie sur fond d’usurpation d’identité démantelé

Le garde du corps de Moustapha Cissé Lô joue le jeu

Vaste réseau d’escroquerie sur fond d’usurpation d’identité démantelé
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Le déclic : les doutes du garde du corps de Cissé Lô

C’est une histoire à la Rancourt. Une affaire d’escroquerie sur fond d’usurpation d’identité qui peut tenir lieu de scénario d’un film de Tarantino. Ce vendredi-là, Ndiaga Thiaw, qui a choisi d’être le « body guard » attiré du chef de l’Etat, câble le Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô. Il se fait passer pour le Colonel Cissé et demande à l’honorable député de lui envoyer de l’argent pour gérer son week-end. Sans se douter de rien et avec un altruisme débordant, le Président du Parlement de la Cedeao met une forte somme d’argent dans une enveloppe Kraft et la remet à un de ses gardes du corps pour qu’à son tour, celui-ci la remette au « body guard » du Président de la République. Mais au fait intrigue le gros bras de Cissé Lô. Le « Colonel Cissé » aurait demandé aux responsables de l’Apr, pendant l’entretien téléphonique qu’on lui apporte l’argent chez Katia, un restaurant couru des Almadies, pour le remettre à un certain Jean et non au Palais de la République où il a ses bureaux. Ce qui ne comprend pas l’agent préposé à la sécurité de Cissé Lô, qui demande à son patron de procéder à une vérification, en appelant cette fois-ci le vrai Colonel Cissé. Ô divine surprise : le garde du corps du Président ne comprend absolument rien de ce que lui raconte le député. Cissé Lô semble qui parler chinois. Conscients tous les deux qu’ils sont tombés sur un escroc, les deux personnalités décident d’alerter la Brigade de recherches de la gendarmerie de Faidherbe, qui se met automatiquement en branle.

 

L’argent de Cissé Lô, Jean et la masseuse

Les hommes du commandant Seck se positionnent près de chez Katia et demandent au garde du corps de Cissé Lô de jouer le jeu pour tendre un piège à l’escroc. Celui-ci se pointe dans le restaurant, rencontre Jean et lui remet l’enveloppe. Mais avant de partir, il lui demande de lui faire une décharge, une demande à laquelle Jean refuse d’accéder. Sans trop insister, le garde du corps reprend le pactole et demande à son boss de câbler le faux Colonel Cissé pour qu’il lui indique une autre personne à qui remettre l’argent. L’escroc tombe dans le panneau et envoie une fille, une masseuse qu’il fréquentait après chacun de ses juteux coups. La fille, sans réfléchir, vient à la rencontre du garde du corps pour empocher l’argent. C’est le moment choisi par les gendarmes pour entrer en jeu. Arrêtée et questionnée, elle balance son envoyeur : un certain Ndiaga Thiaw, domicilié à Bambilor, un as de l’escroquerie.

Décidés à mener leur mission, les gendarmes font tout leur possible pour arrêter le présumé escroc. Mais le bonhomme est introuvable. Il a éteint ses téléphones et s’est volatilisé dans la nature. Mais c’était sans compter avec la détermination des hommes du commandant Seck qui décident de le filer. Ils passeront deux journées entre Bambilor et Dakar, avant de mettre la main sur le gars. Arrêté et transporté à la Brigade de recherches, l’homme soutient que c’était la première fois qu’il se faisait passer pour le garde du corps du Président. Il s’est une fois fait passer pour le lieutnant Sylla dans le but de soutirer 110 mille FCfa à Bara Ndiaye, Dg de la Maison de presse. Mais avouera avoir réussi ses plus gros coups sous l’identité du journaliste Pape Sambaré Ndour.

 

« Je vous demande pardon, j’ai une femme et un bébé de quelques mois qui m’attendent »

Cuisiné par les enquêteurs, il dit avoir, au nom du chef du Desk Actualité de l’Obs, soutiré à M. Racine Sy un million de francs Cfa, que le boss du King Fahd Palace lui a remis en deux tranches. Il avoue également avoir extorqué beaucoup d’argent à plusieurs autres personnalité et pontes de la République dont entre autres, l’ancien ministre Moustapha Mamba Guirassy, le député Seydou Diouf et sa femme. Il avait mis à profit l’anniversaire de Momo Dieng, dont la marraine n’était autre que Madame Diouf, pour gruger le couple rufisquois avec une fausse promesse de reportage. Le Dg de Senegal Logistics, Mouhamadou Moustapha Gaye, a également été victime des entourloupes du sieur Ndiaga Thiaw. Il s’était présenté nuitamment à lui en plein centre-ville dakarois sous le nom du journaliste de l’Obs et attaché de presse du chanteur Wally Seck, qui posséderait la même voiture que M. Gaye.

Confronté hier au journaliste de l’Obs dans les locaux de la Brigade de recherches, l’escroc, qui n’a pas pu mettre un visage sur le nom du chef de desk Actualité du canard de la Médina, dit avoir usurpé son identité parce qu’il avait entendu des témoignages sur la qualité de ses papiers. Ainsi, s’est-il imaginé, en se faisant passer pour ce journaliste de renom, il allait se faire de l’argent. Le vrai Pape Sambaré Ndour, de retour de sa déposition : « Il a tout avoué devant moi, même s’il me fuyait du regard. Il répondait au commandant en lui demandant de ne pas corser son dossier en poursuivant l’enquête. Il refusait par exemple qu’on Seydou Diouf et les autres pour recueillir leurs témoignages. Il demandait clémence, soutenant qu’il avait une femme et un bébé de quelques mois qui l’attendent à la maison et qu’il était vraiment désolé. Mais le commandant est resté très professionnel. A un moment donné, profitant d’une absence momentanée du commandant, il m’a demandé de ne pas porter plainte contre lui, parce qu’il risquait de durer en prison, avec toutes les plaintes qui vont s’abattre sur sa tête. Ces supplice m’ont beaucoup touché, mais j’ai plus écouté ma tête que mon cœur : j’ai finalement porté plainte. »

 

La belle coopération de la Tfm

Avant de faire une descente à Bambilor, les gendarmes n’avaient aucune idée du visage de l’escroc qu’il voulait mettre hors état de nuire. Mais les auditions de Jean et de la masseuse, arrêtés et déférés au parquet, ont beaucoup le commandant Seck et ses hommes. C’est à partir de ce moment que les gendarmes ont été mis au courant d’un reportage de la Tfm au cours duquel l’escroc avait témoigné. Il s’agissait d’un accident mortel sur la route des Almadies qui avait coûté la vie à une jeune masseuse. C’était en 2013 et Ndiaga Thiaw, qui s’était présenté aux journalistes sous le faux nom de Alassane, expliquait dans les moindres détails comment le choc a eu lieu. Une vidéo qui le perdra quelques années plus tard. Même si entre-temps, Ndiaga Thiaw, qui affiche aujourd’hui un look de nabab, a pris de l’embonpoint et changé de niveau de vie, certainement grâce aux millions de FCfa qu’il extorquait sous de fausses identités.

 

(Source L’Observateur)







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