Fallait-il montrer les muscles, hausser le ton, pour ainsi démentir toute idée de négociations avec le pouvoir comme le susurraient certains ? Hier, Abdoulaye Wade a excellé dans ce qu'il sait faire, de la surenchère verbale et sans doute politique. En bon maître de cérémonie, le leader du Pds a convoqué le Comité directeur de son parti, pour dire à ses troupes que malgré l'accalmie, le moment n'était pas encore venu de faire la paix avec Macky Sall. Même si nombre de signaux ont été envoyés. Les émissaires qui, avant la fête musulmane, ont joué les bons offices, émissaires des deux hommes, pour applanir les malentendus entre les deux hommes. Ensuite, le plus officiellement du monde, lors de la fête à la mosquée Masalikan Jinan, le Premier ministre Mohamed Dionne a transmis les salultations de Macky Sall à son père. Qui ont été bien reçues et bien comprises, puisqu'en retour, Abdoulaye Wade refusera avec diplomatie de se rendre à l'Assemblée nationale pour un bras de fer sur l'affaire Khalifa Sall.

Depuis, le leader du Pds a été accusé de négocier, de dialoguer avec Macky Sall. Une position inconfortable, puisque tant que rien n'est acquis, à savoir pour lui, la promesse ferme d'amnestie pour son fils qui pourra se présenter en 2023 ainsi qu'un véritable gouvernement d'ouverture dans lequel lui, le parent idéologique pourra faire siéger ses proches, la guerre ne sera pas terminée. Alors hier, il fallait reprendre la position de chef de l'opposition qui filait entre les doigts, et dire que les critiques ne sont pas terminées, qu'il y a matière à s'opposer. 

Il sera noté que non seulement Abdoulaye Wade n'aborde pas la question qui entoure la médiation pour le retour de son fils, mais il a tout de même rappelé qu'il a plus de liens avec l'Apr que Macky Sall en a avec ses alliés d'aujourd'hui, l'Afp et le Ps. Et que donc tout compte fait, il a plus intérêt à se réconcilier avec ses anciens camarades, qui ont pu faire 20 %, qu'avec le Ps aujourd'hui divisé en faction et l'Afp, morte de la même mort. Macky Sall l'entendra-t-il ainsi ? Entre les deux, le dialogue n'est pas possible, il est obligatoire.

Abdoulaye FALL