L’un des bénéficiaires a d’ailleurs été intercepté par les gendarmes en même temps que son épouse.

Libération révèle que les « audiences fictives », procédé mafieux par lequel Amadou Lamine Diagne allégeait les peines ou libérait tout simplement des détenus sur la base de faux, ont bénéficié au moins à douze Nigérians détenus dans différents prisons du Sénégal.

En majorité, ces derniers étaient condamnés pour trafic de drogue. Comme nous l’écrivions, Amadou Lamine Diagne s’assurait d’abord que le « client » n’a pas fait appel. Avant de jouer sur les signatures de ses supérieurs hiérarchiques qu’il détient en totalité pour les avoir scanné. Ainsi, il transmet le dossier « de la Cour d’appel » à la Maison d’arrêt dans laquelle le « client » est emprisonné.

L’administration pénitentiaire ne peut pas douter que le document est faux notifié au prisonnier que son dossier va passer en jugement. De suite, Amadou Lamine Diagne fabrique un autre dossier qui fait croire que l’audience s’est tenue et que le détenu est libre en y mettant la signature scannée de l’avocat général près la Cour d’appel.

Parmi ces détenus, nigérians figure le nommé C.C. Anene arrêté en même temps que son épouse J. Selon nos informations, C.C Anene avait été condamné en octobre 2016 à deux ans ferme pour trafic de drogue dur. Mais il n’aura finalement passé que quelques mois à la prison de Kaolack avant d’être « élargi » par Amadou Lamine Diagne. Ce, contre un versement de 200.000 FCFA remis à l’ex agent de l’administration pénitentiaire travaillant au service d’enrôlement de la Cour d’appel, par son épouse qui a fait des aveux complets. Plusieurs observateurs judiciaires estiment que l’instruction qui va démarrer après la mise en examen des premiers suspects pourrait révéler d’autres surprise surtout dans la perspective d’une délégation judiciaire qui permettra au gendarmes de fouiller davantage dans cette affaire d’une gravité extrême car des citoyens pourris jusqu’à l’os ont manipulé des décisions de justice en usant et en abusant de faux.