Les grands prétendants à la Présidentielle morts au combat
Alors qu'ils se croyaient présidentiables, ils ont été battus et doivent se remettre en question.

Les grands prétendants à la Présidentielle morts au combat

Alors qu'ils se croyaient présidentiables, ils ont été battus et doivent se remettre en question.
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On aurait cru la scène de désolation qu’offre un fleuve lors de sa décrue, après le passage d’un ouragan : des cadavres d’énormes animaux que rien ne semblait pouvoir emporter, jonchant les rivières, leur odeur fétides débordant son lit, empêchant de respirer. Depuis plusieurs années, les bravades n’ont pas cessé, les uns et les autres se vautrant au-dessus de leurs chevilles de baudruche, s’assurant d’être des candidats à la présidentielle capables seuls de battre Macky Sall. Et c’est sans doute ce qui a fait imploser la coalition de l’opposition : les ambitions démesurées de ses leaders, chacun se projetant au-delà de ces élections, se pensant capable d’être sacré aux législatives et de se positionner dorénavant pour la présidentielle.

 

Abdou Mbaye : le premier d’entre eux, qui devrait prendre sa défaite pour une humiliation est sans doute l’ancien Premier ministre Abdou Mbaye. Se disant en mission pour sauver le Sénégal, il n’a pas tenu compte des conseils des membres de sa famille et a avancé dans ces élections tête baissée. La politique est une matière que l’on n’apprend pas à 60 ans, avions-nous écrit sur ces mêmes pages. Le pouvoir en place a profité de ses failles personnelles, de son manque d’expérience pour lui prendre tous ses responsables. Naturellement, la personnalité d’Abdou Mbaye y a été pour quelque chose. Docte, intransigeant, toujours sûr de lui, il a fini par agacer ses responsables les uns après les autres. Faire cotiser ses militants pour leur position sur sa liste a été une décision incompréhensible, comme du reste ses sorties bizarres dans les cars rapides, les photos le montrant en train de distribuer de l’eau dans des sachets.

 

Malick Gackou : La présence de Malick Gackou sur la liste départementale, à Guédiawaye a surpris plus d’un, tellement il semblait battu d’avance. La sociologie du département, l’implication personnelle du frère du Président de la République et son manque d’engagement dans la localité rendaient impossible sa victoire dans la localité. Il donne ainsi raison à tous ceux qui disaient que Gackou, c’est du toc. Un docteur en économie qui ne parle jamais d’économie, qui préfère les séances avec les lutteurs plutôt qu’un travail sur le terrain qui lui aurait permis de gagner la sympathie des populations de Guédiawaye. Il a été battu partout, jusque dans son bureau de vote, et ses proches n’ont sans doute pas voté pour lui.

 

Idrissa Seck : le maire de Thiès garde sa commune, mais perd encore du terrain. Et rien ne fait dire que la prochaine fois, il perdra encore du terrain au point de se faire prendre sa base thiessoise. Le fait que dans la prochaine législature il ne soit pas présent, ni lui ni son lieutenant Thierno Bocoum, injustement enlevé des listes est une grande défaite et une grande faiblesse. Idrissa Seck est un de nos meilleurs hommes politiques, sans doute un de nos plus brillants, mais sa mégalomanie et sa suffisance lui jouent des tours. Il n’a jamais écouté pour entendre et se fait prendre ainsi le département de Thiès. Jamais il n’est présent à son bureau de Président du Conseil, et les calculs qui lui ont fait choisir Talla Sylla comme maire ont été fatals. Aujourd’hui, Thierno Bocoum a toutes les raisons de revoir son engagement à ses côtés, lui qui subit depuis quelques années les assauts du vice-président du parti. Sans doute moins méritant que lui.

 

Oumar Sarr : c’est un des grands perdants de cette campagne pour les législatives. Oumar Sarr a souffert de l’arrivée de Wade, qui est en soi un désaveu pour lui et une remise en cause de son leadership. Oumar Sarr a été battu partout dans le Dagana, grâce au travail de Makhtar Cissé, un fils du Walo très respecté par les populations. Le coordonnateur du Pds ne peut plus valablement réclamer une chefferie qui lui a toujours été contestée. Comment pourrait-il, lui qui était déjà accusé et soupçonné de travailler pour son « ami » Macky Sall. Entré en conflit tour à tour avec Aliou Sow, avec Fada puis dernièrement avec Aida Mbodj, celui que l’on appelait le Lion du Walo pourrait devoir quitter sa tanière pour un exil vers des lieux encore inconnus. Sera-t-il repris par son ami Macky Sall ? Mais en voudra-t-il ?

 

 

Abdoulaye Baldé : Le maire de Ziguinchor n’a pas vu venir. Parti grand favori, il perd sa ville, son département et va devoir négocier avec Macky Sall en position de faiblesse. L’arrivée de Souleymane Jules Diop, avec qui il partage ses bases de Santhiaba, Leona et Kandé lui aura été fatale. Résultat, une défaite partout, dans tous les bureaux de vote de la commune et des autres communes du département. S’il avait voulu prouver à Macky Sall qui garde une mainmise sur la région Sud, c’est raté pour l’ancien Secrétaire général de la Présidence de la République. Son candidat défait, il va devoir patienter, voir ses résultats au plan national avant de voir quelle orientation donner à sa carrière politique.

 

 

Khalifa Sall : le maire de Dakar partait pour une des surprises de cette campagne pour les législatives. Avec Bamba Fall à la Médina, Moussa Sy aux Parcelles assainies et lui à Grand Yoff, Khalifa Sall semblait assuré d’une victoire aux législatives. Emprisonné, il a bénéficié d’une médiatisation et d’un effet de sympathie, à cause de sa victimisation. Le fait de perdre Dakar constitue une grande faille qui pourrait remettre en cause ses ambitions personnelles. Son implantation à Dakar aussi pourrait devenir difficile, du fait de ses faibles résultats.

 

Abdoulaye FALL







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