Diplomatie : pourquoi le Sénégal a rappelé son ambassadeur au Qatar
Le Sénégal a décidé de réagir par réalisme diplomatique. Est-ce dans son intérêt stratégique ?

Diplomatie : pourquoi le Sénégal a rappelé son ambassadeur au Qatar

Le Sénégal a décidé de réagir par réalisme diplomatique. Est-ce dans son intérêt stratégique ?
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L’Etat du Sénégal a décidé de rappeler son ambassadeur au Qatar pour consultation, selon un communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères du Sénégal. L’Etat du Sénégal, qui a toujours entretenu des relations privilégiées avec le Qatar, décide ainsi de se ranger du côté de pays alliés traditionnels comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, qui ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec ce pays, accusé par ses voisins et son ancien allié américain de soutenir le terrorisme.


Il s’agit d’un réajustement, voire un revirement spectaculaire pour la diplomatie sénégalaise dans ses relations avec ce petit pays du Golfe, devenu prospère grâce à son positionnement stratégique et son ouverture, quelques jours après le rétablissement des relations diplomatiques avec Israël.
Lors de l’organisation du dernier sommet de la Francophonie fin 2015, le Sénégal a bénéficié du soutien financier du Qatar, dirigé par un jeune Emir suite à l’abdication de son père. Le jeune Emir de 36 ans a joué les bons offices dans le conflit qui a opposé Karim Wade au Président Macky Sall. A cet effet, le Procureur du Qatar est venu à plusieurs reprises rendre visite au Président Sall et selon des personnes au fait de ce dossier, le Sénégal aurait accepté, suivant des accords secrets, que Karim Wade purge le reste de sa peine sous la forme d’une résidence surveillée, à la demande de son ami Emir. Il s’ajoute que les deux hommes ont un ami commun, le marocain Richard Attias, qui a négocié l’aide au Sénégal et a été à la base du rapprochement entre les deux pays avec à la clé une visite d’Etat dans ce pays au début de l’été 2014.

 

En se rangeant derrière l’Arabie Saoudite, le Sénégal reste relativement cohérent dans sa démarche, puisqu’il avait soutenu l’intervention arabe au Yemen, et même accepté l’envoi de 2 000 hommes pour protéger les champs pétroliers, directement menacés par les rebelles à la solde de l’Iran. C’est le khalifat musulman que le Qatar, aujourd’hui dans un isolement diplomatique et un blocus total, est accusé de soutenir, en partenariat avec son allié chiite.

Mais là où le Sénégal manque un peu de cohérence, c’est qu’il a tout de même décidé il y a deux ans, contre toute attente, de rétablir des relations diplomatiques avec l’Iran, pourtant sous le coup d’un embargo économique décidé par les Nations Unies. Ces relations avaient été rompues, faut-il le rappeler, quand le Sénégal a découvert des cargaisons d’armes destinées au rebelles casamançais, sous le couvert de la société The Kanilay Farmers, propriété du président Yaya Jammeh.

 

La Mauritanie a été le premier pays de la sous-région à suivre l’Arabie Saoudite, qui est sans doute en train de compter ses premiers amis. Lors de l’agression par l’Irak, en 1992, le Sénégal avait envoyé des troupes et une centaines sont morts enterrés dans l’anonymat, suite à un accident dans une base aérienne saoudienne.

 

Le Sénégal fait aussi preuve de réalisme diplomatique et il faudrait croire que la position des Etats-Unis sur ce dossier n’y est pas pour rien. Quoique la logique voudrait que le Sénégal, conséquent avec lui-même, rappelle son ambassadeur en Iran et demande le départ de son chargé d’affaires à Dakar. La situation entre les pays du Golfe est très tendue et personne ne peut en connaître l’issue. Derrière les enjeux diplomatiques se mène aussi une bataille idéologique entre deux tendances de l’Islam. Il ne faut pas oublier que l’Arabie Saoudite a toujours été accusée de soutenir Daech, au début composé de sunnites persécutés par le régime chiite de Nuur Al Maliki, en Irak. Ce sont d’anciens prisonniers américains qui se sont rebellés contre le régime chiite d’Irak, soutenus par le voisin arabe, qui voyait mal l’expansion de son ennemi de toujours, l’Iran. Les Etats-Unis ont par la suite soutenu le même mouvement pour faire tomber le régime d’Al Assad, soutenu à la fois par l’Iran et le Hezbollah. Difficile, dans un tel désordre, de savoir de quel côté se situent les vrais terroristes.

 

 

Abdoulaye FALL







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