Choc des égos au sein de l’opposition : la fusée Manko explose avant le décollage
Les leaders de l'opposition laissent s'envoler l'espoir d'une cohabitation qu'ils ont tant évoquée

Choc des égos au sein de l’opposition : la fusée Manko explose avant le décollage

L'opposition réunie au sein de Manko
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Sa naissance avait suscité de l’espoir, tant elle offrait des perspectives de victoire à l’opposition, qui rêvait déjà d’une cohabitation, au point d’entraîner la majorité présidentielle dans ce débat futile. Mais tout le monde sentait que quelque chose était là, possible : le rêve d’entraver la marche de Macky Sall vers un second mandat.

 Finalement, ce que l’on croyait acquis, du fait de l’implication d’Abdoulaye Wade, véritable figure tutélaire de cette opposition, a disparu comme une chimère.
Il y a eu d’abord ce retour annoncé de Karim Wade, auquel croyait le Pds et ses partisans, qui avaient d’abord donné la date du 17 janvier 2017, puis du 12 mai, pour son retour et sa participation aux élections législatives. Ensuite, une partie de la presse s’est faite l’écho des préparatifs de l’ancien Président Abdoulaye Wade depuis son Qg de Versailles, pour diriger la liste de l’opposition. En réalité, le Président Wade en avait exprimé le souhait, mais c’est face au refus catégorique des partisans de Khalifa Sall qu’il a fini par se débiner sagement, pour dire que l’intention ne l’a jamais habité. Alors que tout le monde l’a entendu, lors d’une sortie parisienne, exprimer cette possibilité avec insistance, annonçant même qu’il allait financer toute la campagne de l’opposition.
Etait-ce une ruse pour pouvoir imposer sa liste aux législatives et obtenir l’assentiment de ses alliés ? En tous les cas, quelques jours après, une liste sera envoyée « par huissier » à Malick Gackou, précisant toutefois qu’il s’agit là d’une « proposition ». Il se trouve que Khalifa Sall n’est pas le seul à se dresser face aux ambitions d’Abdoulaye Wade, vu encore par une aile du Parti socialiste comme un homme infréquentable. Le parti Rewmi d’Idrissa Seck a fait savoir qu’il n’entend pas laisser le Ps et le Pds s’emparer de tous les départements de la capitale. Le Pds lui a rendu la pièce de sa monnaie, en faisant savoir qu’il n’entendait pas laisser à Rewmi le champ libre dans le département de Thiès. Marigot géant dans lequel voudrait baigner un autre crocodile de Benno, Mamadou Diop Decroix. Sans base politique, mais grand manœuvrier politique aux multiples vies.

L’espoir est né mercredi quand, au soir, les services de communication d’Abdoul Mbaye ont émis un communiqué la signature d’un accord entre le banquier et Ousmane Sonko, ancien inspecteur des Impôts. Abdoul Mbaye se disait prêt à financer toute la campagne, contre le maintien du nom de son mouvement, la désignation des 5 premiers sur la liste nationale et la tête de liste départementale à Dakar. Refus catégorique d’Ousmane Sonko, qui lui a fait savoir que « l’argent ne suffit pas ». Les négociations de dernière minute n’ont pas abouti et Abdoul Mbaye finit par se contenter du menu fretin composé essentiellement de leaders de partis menés par Sidya Diop, jeune chef de parti exilé en France.

Plusieurs partis politiques et coalitions vont donc engager des élections législatives improbables, en laissant de côté l’ambition d’imposer à Macky Sall une cohabitation à la française. Puisqu’on ne voit pas, sauf à parler de miracle, dans quel département du Sénégal ou de l’étranger pourrait s’imposer un Abdoul Mbaye ou un Ousmane Sonko. Le Pds lui-même, qui était jusqu’ici la locomotive de l’opposition, se voit affaibli, amoindri par cette opération, qui ressemblait plus à une opération de communication qu’à une véritable manœuvre électorale. Reste Khalifa Sall, dont les partisans ont fait preuve de beaucoup de zèle et parfois d’arrogance, sûrs de la suprématie de leur leader à Dakar. L’espoir de voir Aissata Tall le soutenir s’étant envolé, il leur sera difficile de s’imposer ailleurs qu’à Dakar, en raison de la configuration des forces. Encore qu’à Dakar, les choses ont beaucoup changé depuis les dernières élections locales. Le soutien de la chefferie Lebou est allé au président Sall, qui s’est mieux organisé, notamment aux Parcelles assainies, avec l’arrivée d’Amadou Ba. Le Président Sall compte sur le soutien des grands Serign, des communautés originaires des autres régions installées à Dakar ainsi que des différents Jaraaf. En dehors de l’émoi suscité, l’emprisonnement de Khalifa Sall ne semble pas lui être d’un grand apport électoral et la position de victime qui aurait pu lui être profitable pourrait être endiguée par l’absence d’un véritable appareil électoral et de fortes personnalités dans son camp.
Contrairement aux craintes exprimées çà et là sur l’issue de ce scrutin incertain, la Mouvance présidentielle pourrait même caresser le rêve de victoire dans les départements qui lui semblaient imprenables : Thiès, Dakar, Pikine, Guédiawaye, Mbacké, Dagana, Bambey. Seul Ziguinchor résiste pour le moment…

 

Abdoulaye FALL







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