La presse sénégalaise : comment elle est devenue une menace pour la démocratie
La presse s'est transformée, la conception du métier aussi. Au point de devenir une menace pour tout le monde.

La presse sénégalaise : comment elle est devenue une menace pour la démocratie

La presse s'est transformée, la conception du métier aussi. Au point de devenir une menace pour tout le monde.
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Est-il venu le temps où de sa position bien confortable de quatrième au rang, la presse va dominer tous les pouvoirs et les soumettre à son joug ? Juges et politiques tremblent déjà, face à la domination des nouveaux médias et aux nouvelles prétentions de la presse à une quasi impunité qui ferait traiter les journalistes comme des justiciables à part. Ils dictent aux politiques leurs conduites, rendent justice à la place des juges et agissent désormais avec une vitesse déconcertante grâce à une arme nouvellement découverte, l’Internet.

 

Evolution

 

Pour en arriver là, il a fallu une transformation radicale et une absence totale de cadre légal. Les temps ont bien changé dans le paysage médiatique sénégalais. Il y a une vingtaine d’années, on comptait du bout des doigts les supports médiatiques. En dehors de la Rts, la presse audio visuelle ne comptait que quelques radios dont Sud Fm, la première radio privée du Sénégal, ouverte en juillet 1994. Ont suivi radio Dunya, Nostalgie, Walfadjri …

La presse écrite était plus diversifiée avec de nombreux titres dont Sud hebdo (devenu Sud au quotidien, puis sud quotidien en 1993), Walf Hebdo, Le Témoin, Le Politicien, Le Cafard libéré, Nouvel horizon,  pour ne citer que ceux là. L’internet n’était pas encore un medium prisé en dehors de l’Aps qu’on pouvait consulter à partir d’un ordinateur.  

Les moyens de travail étaient rudimentaires. Pour la presse écrite, les textes étaient rédigés à la main et un opérateur de saisie les faisait transcrire dans l’ordinateur, objet rare à l’époque. Le correcteur entrait en action avant que le chef d’édition, le rédacteur en chef, et parfois même le directeur de publication procède à une relecture ou un rewriting de l’article destiné à la publication, au frigo (pour un autre jour) ou à la …poubelle. Ah oui et cela arrivait souvent.

Un journaliste qui occupe aujourd’hui de hautes fonctions dans l’Etat du Sénégal, me rappelait qu’à Walfadjri, où il a débuté en tant que stagiaire, il lui arrivait très souvent de faire le thé pour ses aînés de la rédaction, alors qu’il était titulaire d’une maîtrise de l’UCAD.

 

Moyens rudimentaires

 

A ce moment-là, alors que le reporter journaliste ne disposait ni de téléphone portable, encore moins de connexion internet, c’était la croix et la bannière pour respecter la trilogie «avant collecte, collecte et après collecte» de l’information. Sa seule volonté en bandoulière, le journaliste réussissait à retrouver sa source, après l’avoir cherchée un peu partout à travers Dakar, avant de pouvoir l’interroger ; il parvenait ensuite, avec la même détermination, à recouper ses informations.

 Il fallait ensuite, le plus souvent, remplir une page de journal format tabloïd, c'est-à-dire 12 000 signes (caractères) avant le bouclage qui survenait très tard dans la soirée. Le lendemain, le même cycle reprenait : réunion de rédaction à partir de 9h avant que le lâchage des troupes sur le terrain. Tel un fauve à la recherche du gibier, chacun contribuant avec sa pitance, à assurer la dépense quotidienne, donc à la survie du journal.   

C’est dans ces conditions que la presse sénégalaise a pu graver en lettres d’or sa contribution à la marche démocratique du pays. Son rôle dans la première alternance de 2000 est assez édifiant.

 

Confusion

 

On constate une floraison de publications, de fréquences radio et télévisions. Avec des moyens de plus en plus sophistiqués et des conditions de travail beaucoup moins ardues. Quoiqu’en pensent les jeunes confrères.

Mais la qualité en a beaucoup souffert. Le fait le plus marquant dans l’évolution de la presse sénégalaise est l’éclosion des sites d’information. Ils ont profité du boom informatique et de la démocratisation des moyens d’information avec les médias sociaux. Tous ceux qui n’ont pas pu travailler dans une rédaction ont tenté de créer un site d’information pour intégrer la profession.

Souvent sans aucune formation, et en faisant fi des règles les plus élémentaires qui régissent le métier de journaliste. Nous avons tous laissé faire et aujourd’hui les sites d’information, dans leur majorité, sont devenus une véritable menace à la fois pour la démocratie et pour la profession elle-même.

 

Un nouveau Code de conduite ?

 

Comment extirper le mal du corps déjà très affecté de la presse sénégalaise ? Si le nouveau de Code de la presse n’est pas la panacée comme le prétendent certains, il a au moins l’intérêt de symboliser la volonté des acteurs de la profession de changer de cap et de paradigme.

La manifestation de ce mercredi, coïncidant avec la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, est un jalon non négligeable posé pour la réglementation stricte de l’exercice du métier de journaliste. Tous les acteurs étant conscients qu’il est temps de mettre un terme à la situation déplorable que vit présentement la presse sénégalaise.

Tous étant conscients qu’il est temps de mettre un terme à la situation que traverse présentement la presse sénégalaise.

 

Babacar DIONE







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