Hier mardi, un détenu pas comme les autres s'est présenté devant le juge. Poursuivi pour association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage escalade, effraction, arme et de véhicule, évasion et d’usurpation d’identité, Baye Modou Fall alias Boy Djiné a ceci de particulier qu'il a commis ses différents vols, ses différentes évasions avec une intelligence et une maestria qui fascinent. Il n’a pas été jugé, hier. La chambre criminelle de Dakar a renvoyé son procès jusqu’au 16 mai prochain pour le retour des citations des parties civiles.

Cité dans plusieurs affaires criminelles, Boy Djiné a comparu devant la chambre criminelle de Dakar. Hier, il devait répondre pour les faits d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage d’escalade, d’effraction, d’arme et de véhicule, d’évasion et d’usurpation d’identité pour lesquels il a été inculpé depuis 2009. Cependant, l’affaire n’a pas été retenue pour être jugée au fond. Le motif ? Le juge Seck Diouf a prononcé le renvoi de ce dossier pour le retour des citations des parties civiles. Les 6 plaignants Mariama Sall, Diogoye Yaye Gning, Assane Demba Bâ, Mbaye Gning, Jean Gabriel Senghor et Baba Guèye ont brillé par leur absence.

Il ressort de l’ordonnance de non lieu partiel, de mise en accusation et de renvoi devant la Chambre criminelle que l’électronicien Baye Modou Fall, né le 25 novembre 1990 et domicilié à Keur Goumack (Diourbel) a été arrêté par la Division des investigations criminelles. Ce, à la suite des vols perpétrés dans deux chambres de l’hôtel Savana, le 26 décembre 2008. Pourtant, aucune trace d’effraction n’a été relevée sur les lieux. Mais, les victimes Dina Fourneret, Jean Gabriel Senghor Emma Lucie Leroux feront état de la disparition de leurs effets personnels, de numéraires, d’ordinateurs et de téléphones portables. La dernière nommée a précisé avoir bien fermé la porte de sa chambre avant de se coucher. Le 14 janvier 2009, Boy Djiné sous le nom d’Abdou Lèye est interpellé au domicile de son ami Ndongo Mbow à qui il avait remis un des appareils volés.

Tournevis, d’une scie à métaux, pied de biche pour défoncer les portes

Interrogé, l’As de l’évasion a reconnu sans ambages être l’auteur du cambriolage des hôtels lagon 2 et Savana respectivement dans les nuits des 23 au 24 octobre et 25 au 26 décembre 2008. Mieux, il a révélé s’être déjà évadé de la prison de Ziguinchor et a cité le nom de Mourtalla Mbacké comme étant son acolyte lors de ces forfaits. En cours d’enquête, les éléments de la Sûreté urbaine du commissariat central de Dakar ont informé la Dic de ce que Baye Modou Fall alias Serigne Mourtada Mbacké avait été arrêté dans la nuit du 11 au 12 janvier 2009 pour association de malfaiteurs, vol en réunion avec usage de véhicule et d’armes à feu et qu’il a réussi à s’évader de leurs locaux où il était gardé à vue.

Informée, Mariama Sall s’est présentée à la Dic pour déclarer les faits de vol avec effraction portant sur la somme de 5 millions de F CFA commis dans son magasin ‘’Diwane Electronic’’. Un transport est effectué sur les lieux. Les policiers arrêteront Serigne Mourtada Mbacké né le 10 octobre 1989 à Touba de Serigne Moustapha et de Faty Diop qui s’est finalement révélé être Boy Djiné. Ce dernier tentait de récupérer sa voiture après le vol. Fouillé, il a été découvert par devers lui, la somme de 297 mille FCFA, 3 téléphones portables et une clé de la chambre numéro 11 de l’auberge ‘’Le Fouta’’. La perquisition a permis trouver sous la table de chevet la somme de 9 millions de FCFA, 2 pistolets, des cartes de recharge téléphoniques, 2 téléphones portables et divers autres objets à l’effigie du magasin ‘’Diwane Electronic’’. Interrogé, Boy Djiné dit qu’il s’est introduit dans ledit magasin le dimanche à 6 heures pour n’en ressortir qu’à 23 heures et a réussi avec l’aide de tournevis,

d’une scie à métaux et d’un pied de biche, à défoncer le coffre fort avant d’y soustraire la somme de 3 millions de FCFA, des clés Usb, des Mp4, et un ordinateur portable. Egalement, il a affirmé avoir dans la même nuit visité la boutique d’à côté appartenant à Ibra Ndiaye où il a pris 297 mille FCFA. Il ajoute qu’il a voulu s’enfuir en passant par le toit mais en voulant descendre, il a aperçu des personnes. Paniqué, il a laissé tomber le sac sur le toit d’un véhicule qui finalement sera ramassé par les individus qui se trouvaient sur place. Toujours sans sa déposition, il souligne que l’argent ainsi que le matériel trouvé dans sa chambre sont le fruit d’un cambriolage perpétré le jour de la Tamkharite à Mbour dans deux magasins en compagnie de Mourtalla Mbacké à qui il a remis 500 mille FCFA et 10 téléphones portables. Les vérifications faites au commissariat de ladite localité ont révélé l’existence de deux plaintes formulées par les sieurs Mbaye Gning et Assane Demba Ba. Entendu, le premier a soutenu avoir perdu 100 cartes de rechanges. Tandis que le second a avancé que les malfrats ont emporté avec eux la somme de 10,5 millions de FCFA, des cartes de crédit et un pistolet ‘’Rhoner’’ et des téléphones portables. Selon lui, les malfaiteurs ont fracturé la grille de protection de la fenêtre pour accéder au magasin en passant par la cour de la maison.

Boy Djiné ‘’ le Gambien’’ déclare s’être évadé du commissariat central avec la complicité du commissaire

Le témoin Housseine El Hachem a déclaré avoir alerté les personnes lors du cambriolage de ‘’Diwane Electronic’’. Il a précisé avoir vu deux personnes dont Boy Djiné sur le toit. Pour sa part, Souleymane Diaw a renseigné avoir vu sur ce même toit un individu qui, à la suite des cris de Hachem appelant au secours a prétendu être un policier avant de brandir un pistolet, de tirer en l’air et de prendre la fuite.

Suite à une information anonyme, Boy Djiné a été arrêté par la police le 13 février 2009 à Touba en possession d’une carte nationale d’immigrant sénégalais en Gambie, établie au nom de Ndama Bajan et supportant sa photographie et un permis de conduire gambien.

A l’instruction, Boy Djiné a réitéré certaines de ses déclarations faites à l’enquête notamment les vols commis à Mbour, aux hôtels Savana et Lagon 2. Cependant, il a contesté les faits de réunion, d’effraction et d’usage d’armes à feu de même que l’association de malfaiteurs. Non sans déclarer que Mourtalla Mbacké n’existe que dans son imagination. Pis, le sieur Fall révèle qu’il s’est évadé du commissariat central de Dakar dans la nuit du 20 au 21 janvier 2003 avec l’aide du Commissaire à qui, il a remis 5000 pounds. Toutefois, il a bénéficié d’un non lieu partiel pour le délit de corruption au commissariat central. Car, indique le magistrat instructeur, la procédure n’a révélé aucun élément objectif pouvant asseoir qu’il a donné de l’argent pour planifier et faciliter son évasion de la police. A l’ouverture des débats d’audience, Boy Djiné pourra livrer sa part de vérité dans ce dossier au président Seck Diouf.

Mame N. FALL

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Me ABDOULAYE TALL, AVOCAT DE BAYE MODOU FALL

‘’ Boy Djiné n’a jamais été arrêté pour mort d’homme’’

"J’attire l’attention de tous les Sénégalais que Baye Modou Fall surnommé Boy Djiné n’a jamais été arrêté pour mort d’homme. Il n’a jamais été poursuivi pour une affaire de meurtre. Il n’a aucune de ses mains tachetées de sang. Quand j’entends par hasard par voie de presse qu’il s’agit de meurtre franchement, je tombe des nus. C’est une affaire de vols aggravés. Lui, de son côté, il cherche à les simplifier...

"on démontrera que si on doit retenir une qualification de vol peut-être ce sera le vol simple’’. Le conseil de préciser :’’C’une affaire qui date de 2009 dans laquelle il est accusé d’avoir commis des vols plus ou moins aggravés dont il conteste la gravité. Il a toujours soutenu que c’est des vols simples...

"On attendra absolument rien de ce procès. Maintenant, vu les charges qui pèsent sur Baye Modou Fall et la complexité du dossier, il est dans l’intérêt de tout le monde que la lumière se fasse. Ce, aussi bien pour mon client qui a eu à contester certains éléments de la procédure aussi bien dans l’intérêt des parties civiles qui ont eu à se plaindre devant la justice’’. Avant de laisser entendre : ‘’Dans l’intérêt de la loi et du parquet, il faut effectivement que toutes les conditions d’un procès équitable soient réunies pour que les droits de la défense soient bien garantis’’. 

M. N. FALL