Les plus sérieux prétendants au trône
Le Président de la République doit faire face à une opposition de plus en plus radicale et de plus en plus unie

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Le Président de la République doit faire face à une opposition de plus en plus radicale et de plus en plus unie
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Ils sont cinq (5) prétendants sérieux au fauteuil de Président de la République. Deux d’entre eux sont nés après l’indépendance du Sénégal, Malick Gackou et Karim Wade, qui se présentent en challengers d’un homme de leur génération.
Ils auront à côté d’eux Khalifa Sall et Idrissa Seck, nés un peu avant, respectivement en 1956 et 59. Abdoul Mbaye est l’aîné du groupe. Né en 1953, il aura 67 ans à la date de l’élection présidentielle. Mais il est de loin le moins expérimenté. Au-delà de ces aspects qui peuvent sembler anecdotiques, Senemedia revient sur le parcours de chacun d’entre eux, analyse les atouts et les faiblesses des uns et des autres et le rôle qu’ils peuvent jouer lors des Législatives prévues dans trois mois, qui auront valeur de test pour chacun.

Pris séparément, ils montrent des signes d’une faiblesse évidente. Mais leur union tant souhaitée pourrait bouleverser radicalement la donne politique.

 

Karim Wade : questions sur un candidat en exil

 

Karim Wade est le benjamin de la classe politique. Soutenu par son père, devenu une des pièces maîtresses du dispositif gouvernemental de l’ancien régime, ses responsabilités étaient si étendues qu’on l’appelait « ministre du ciel et de la terre ». Les moyens colossaux mis à sa disposition, à l’Anoci comme à la tête du ministère des Transports, de la Coopération internationale et de l’Energie ne lui ont été d’aucune utilité. Engagé dans la compétition pour la mairie de Dakar, il a été l’artisan de son propre échec et celui de son père. Brillant financier semble-t-il, Karim Wade est un piètre et mauvais politicien. Sa Génération du concret était son arme factice, désertée par la bande d’opportunistes qui l’écumait. Les conditions de sa libération ont été mal négociées et pourraient durablement hypothéquer ses chances de devenir président, alors qu’il avait fini par jouir d’une grande popularité suite à son emprisonnement. Sa condamnation constitue une autre entrave à sa candidature à la prochaine élection. Son retour a été plusieurs fois annoncé pour les législatives, mais toujours démenti.

 

 

Abdoul Mbaye : le banquier fils à papa

 

Le déclic lui est certainement venu de sa nomination au poste de Premier ministre dans le premier gouvernement de la deuxième alternance. Auparavant, Abdoul Mbaye était resté à l’écart de la vie politique sénégalaise. Même si son père, le magistrat feu Kéba Mbaye a été, au début des années 90, au cœur du processus électoral sénégalais.

Il a fallu son limogeage de la Primature pour que naisse chez lui l’instinct revanchard qui sait nourrir des nouvelles ambitions. Une surprise pour sa mère qui a marqué sa désapprobation en versant des larmes, selon l’ancien Pm lui-même. Après deux années à se chauffer au soleil, le parisien bon teint se met à la température ambiante et se réconcilie avec ses fantômes d’hier. L’implantation de son parti, elle, tarde à se faire, et on ne le voit pas dominer la prochaine campagne pour les législatives, tellement il semble mal préparé.

Mais Abdoul Mbaye dispose d’une fortune qu’il est capable de mettre au service de ses ambitions et qui peut attirer l’attention de nombreux mercenaires comme il en compte au Sénégal. La désaffection des populations vis-à-vis de la classe politique pourrait lui offrir quelque espoir. Mais à moins d’une montée en puissance dans les prochaines semaines, on le voit pas créer la révolution.

  

Malick Gakou : Guédiawaye comme rampe de lancement

 

Malick Gakou est fils de Famara Sagna. La même faconde, la même joie de vivre, le même esprit taciturne, au point de laisser chez les deux quelque ressemblance physique. Malick a grandi sous l’aime bienveillant de l’ancien apparatchik, qui l’a pris sous son aile au Conseil économique et social alors qu’il venait de rentrer à Dakar, titulaire d’un doctorat en économie obtenu d’une université polonaise. Mais c’est chez Moustapha Niasse que cet homme ambitieux va se faire, usant de manière astucieuse des associations sportives puis de la popularité des lutteurs, pour s’imposer sur la scène politique. Juste avant la Présidentielle de 2012, Moustapha Niasse, chez qui il a milité dès la création de l’Afp en 1999, en fait le numéro deux de son parti. L’exercice du pouvoir, les ambitions devenues divergentes ont eu raison de leur compagnonnage et c’est tout naturellement que Malick Gackou va créer le « Grand parti ». Mais autant Idrissa Seck est adepte des coups de génie, autant Malick Gackou aime les coups d’éclat. Le Baba Touré de la scène politique. A Guédiawaye, sa base politique, il a du mal à s’imposer face à Aliou Sall, frère du Président de la République. C’est pourtant de cette banlieue populaire de Dakar où vivent plus de 317 000 âmes qu’il compte partir, pour conquérir le Sénégal. Il multiplie les tournées à l’intérieur du pays et pourrait constituer la surprise des prochaines législatives.

 

Khalifa Sall : de la prison à la Présidence ?

 

Secrétaire national des Jeunesses socialistes puis député à 27 ans, ministre à 37 ans et maire de Dakar depuis 2009, Khalifa Sall compte à son actif une bonne expérience politique. A 61 ans, il cherche à s’émanciper de la tutelle encombrante d’Ousmane Tanor Dieng, pour assumer pleinement son ambition.

Son emprisonnement a dopé ses partisans, convaincus qu’il est le seul à pouvoir inquiéter le Président Macky Sall.

L’opposition compte faire de lui la tête de liste de Dakar, assurée de ses chances de remporter les sept sièges en compétition dans la capitale sénégalaise. Mais il reste au maire de Dakar l’obstacle judiciaire à franchir. S’ils sont nombreux à crier au deux poids deux mesures dans le traitement de son dossier, beaucoup sont convaincus que Khalifa Sall a tout de même fauté avec l’argent du contribuable. Sa défense un peu hasardeuse sur la gestion de la « caisse d’avance » pourrait lui faire perdre de la sympathie. Mais aux yeux de nombreux observateurs, Khalifa Sall, s’il réussit à s’extirper de l’étau judiciaire, pourrait constituer un réel challenger et une réelle menace pour Macky Sall.

 

Idrissa Seck : le syndrome du génie

 

Idrissa Seck est sans aucun doute, de toute l’histoire politique du Sénégal, un des génies les plus précoces. Au lycée déjà, de sa petite taille, il imitait Senghor et se voyait Président. Abdoulaye Wade le découvre chez son ami Alioune Badara Niang. Il l’enrôle parmi les jeunes du Pds, l’envoie étudier à Science Pô Paris et alors qu’Idrissa Seck n’avait que 28 ans, il en fait son directeur de campagne. Le premier de l’histoire politique du Sénégal. Sitôt le test brillamment réussi, « Mara » s’en va à Princeton pour un exécutive Program. Dans le deuxième gouvernement d’union, en 1993, il occupe le poste de ministre du Commerce. Mais le grand problème d’Idrissa Seck, c’est qu’il est tellement intelligent qu’il passe son temps à s’écouter au lieu d’écouter les autres. A force d’ambition, il a fini par se briser les ailes, coupés par son père politique, Abdoulaye Wade. L’enfant prodige ne pensait pas que Wade lui préférerait son fils biologique Karim, au point de le jeter en prison. Deux participations à la présidentielle, deux de perdues. Ses séjours répétés à l’hôtel parisien Saint-James l’ont éloigné de la scène politique. Au point que nombreux sont ceux qui ne croient plus en ses chances de devenir président de la République. Idrissa Seck va briguer à nouveau le suffrage des sénégalais à l’âge qu’il avait prévu pour sa retraite. On ne voit mal constituer un véritable danger pour Macky Sall. A moins qu’Abdoulaye Wade, de guère lasse, en fasse le candidat du Pds.

 

Babacar DIONE







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