Les éléments de preuve qui mettent à mal la défense de Khalifa Sall
Les collaborateurs du maire ont fait des aveux qui compromettent gravement le maire de Dakar

Les éléments de preuve qui mettent à mal la défense de Khalifa Sall

Le Maire de Dakar à sa sortie des locaux de la Dic
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Le régime du Président Sall a peut-être manqué de tact.; et peut-être d’esprit. Il sera difficile de faire admettre à l’opinion que les déboires judiciaires connus par le maire de Dakar n’ont rien à voir avec ses positions hostiles au régime, à Ousmane Tanor Dieng et surtout, à sa décision de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Comme il lui sera difficile d’expliquer pourquoi parmi toutes les personnes visées par les enquêtes, Khalifa Sall a été le premier à devoir répondre à des accusations qui concernent des maires de son propre parti.
 

Dans ce domaine, le Sénégal ne présente aucune particularité : aux Etats-Unis ou plus près de nous, pour citer la France qui nous sert souvent de modèle, les partisans de François Fillon ont mis en avant la coïncidence entre les révélations concernant leur candidat, les poursuites judiciaires qui ont suivi et la proximité de la prochaine élection. Dans un pays où l’indépendance de la Justice n’est plus à démontrer (la France), des constitutionnalistes ont été les signataires d’une pétition pour déclarer la procédure illégale. Il n’en demeure pas moins que François Fillon lui-même, s’il a défendu que rien de ce qu’il a fait n’est illégal, a présenté des excuses publiques, parce que la France s’en est trouvée heurtée et choquée. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a fait une déclaration qui devrait inspirer tout homme politique : « la France a changé et l’opinion n’accepte plus de telles pratiques ». 

Mais la thèse du complot est-elle suffisante pour innocenter le maire de Dakar ? Senemedia a lu les 300 pages du rapport qui accable Khalifa Sall. Ce dont il est question, pour revenir sur le cas sénégalais, ce ne sont pas des fonds politiques. Les maires n’en disposent pas, cela ne correspond à aucun chapitre, aucune ligne de leur budget. Ce dont il est question dans cette affaire, c’est la caisse d’avance. Cette caisse, même si elle existe depuis longtemps, contrairement à ce qu’affirme le maire de Dakar, est réglementée par une loi qui date de 2003. Ce qui est reproché au Maire de Dakar, ce n’est pas l’utilisation de cette caisse. C’est d’avoir, pendant huit ans, mis en place, avec un seul Gie, un système pour livrer à la mairie de Dakar du riz, d’une valeur de 15 millions de francs Cfa tous les 15 jours. Les inspecteurs d’Etat ont été intrigués par le fait que la trésorière de ce Gie, qui est seul à travailler avec la Mairie, était aussi l’assistante de son Dage. Les inspecteurs ont alors demandé à connaître le dépôt de stockage de tout ce riz, destiné aux populations. Quand les inspecteurs ont parlé au responsable du dépôt, il a avoué, sur procès-verbal, et sous serment, qu’en réalité, il a toujours signé, mais il n’a jamais vu le riz en question. Les enquêteurs se sont alors tournés vers le Dage Mbaye Touré, qui dégageait tous les 15 jours, les 15 millions de francs servant au paiement de cette livraison. Ce dernier avouera aux enquêteurs, sous serment, que ses commandes étaient fictives. Il jugera aux enquêteurs qu’il remettait l’argent au maire Khalifa Sall en personne.
Si l’argent avait été effectivement utilisé pour faire du social, les inspecteurs auraient sans doute eu du mal à asseoir une base légale pour réclamer des poursuites contre le maire de Dakar. Mais ce qui ressort de l’enquête, sous réserve de ce qu’en dira la Justice, c’est que tous les mois, Khalifa Sall a détourné la somme de 30 millions de francs à son propre compte.

 

 

Quand on considère qu’il y a eu parfois un treizième mois d’activité, c’est un total de deux milliards qui a été détourné non pas pour du social, mais au profit de Khalifa Sall et de son clan. Ce sont donc les populations de Dakar qui devraient, les premiers, réclamer des comptes au maire de Dakar.


Doc, pour les enquêteurs, il n’a jamais été question de demander à Khalifa Sall les noms des bénéficiaires de ces largesses. Pour eux, il n’y en a pas. Mais pour le maire de Dakar, cette défense, qui ne repose sur rien, est la meilleure. L’issue de cette affaire ne devrait être que judiciaire. Khalifa Sall est accusé de détournement. S’il se présente devant un juge, ce dernier n’aura d’autre choix que de le mettre sous mandat de dépôt, sauf si le maire de Dakar consent à payer les 3/5 du montant détourné, soit 1,3 milliard de francs. Le minimum requis dans un tel cas de figure, selon la loi, est de cinq ans de prison ferme. Le pouvoir osera-t-il aller jusqu’au bout ? Là est toute la question. Mais dans les municipalités se pratique du clientélisme, des réseaux d’argent, de commissions occultes, des emplois fictifs qui sont jusqu’ici tolérés, connus de tous, mais qui sont illégaux et devraient cesser.

 

Latyr NDIAYE







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