Un mois ferme de prison et un million de francs Cfa, telle est la peine que risquent Mor Ndao et Arame Thiam, prévenus des délits de collecte illicite de données à caractère personnel, détention en vue de distribution d’images contraires aux bonnes mœurs. Ils ont comparu, hier, devant le tribunal de Dakar. Délibéré demain.

Comparaissant pour les délits de collecte illicite de données à caractère personnel, détention en vue d’une distribution d’images contraires aux bonnes mœurs, El Hadji Mor Ndaw et sa copine Ndèye Arame Thiam ont été jugés, hier, au tribunal de grande instance de Dakar statuant en matière de flagrant délit. Fréquentant un site internet dénommé «neexna.com» où des rencontres se font, et le sexe au cœur des débats, Ndèye Binta Thiam, complice dans cette affaire, avait noué une relation en 2011 avec un certain Amadou Ndour avec qui elle entretenait des rapports sexuels.
Sur les raisons qui l’ont poussée à se prostituer sur internet, Ndèye Binta Thiam explique qu’elle avait des difficultés pour la prise en charge des deux enfants de sa sœur décédée. Et pourtant, explique-t-elle, quand elle rencontre 6 ans plus tard El Hadji Mor Ndao, e dernier lui conseille d’abandonner ce mauvais chemin. Ils finiront par tomber amoureux et planifier leur projet de mariage.
Mais son partenaire Amadou Ndour ne voulait pas lâcher prise. Il insistait pour coucher avec elle, malgré le refus de la fille de sombrer de nouveau dans la tentation. De guerre lasse, elle s’en ouvre à son copain Mor Ndao et ensemble, ils ourdissent le plan de photographier nu le sieur Ndour afin qu’il cesse de harceler Binta Thiam. Ils menacent alors Amadou Ndour de publier les clichés sur le net. Ce dernier réagit en saisissant la police qui ne tarde pas à arrêter le couple, qui est placé sous mandat de dépôt.
Résident de Médina Gounass, marié et âgé de 29 ans, El Hadji. M. Ndao réfute complètement devant la barre les faits qui lui sont reprochés : «Je l’ai trouvé nu, assis dans la chambre. Je ne l’ai ni forcé, ni déshabillé. De plus, il était debout quand je le prenais en photo». Allant plus loin dans ses aveux, il déclare : «Ndèye Arame est ma copine et nous envisageons de nous marier dans un futur proche. Je voulais juste lui faire peur pour qu’il la laisse tranquille. C’est pour cela que je l’ai menacé de publier les photos sur internet», se justifie-t-il.
Quant à sa complice Ndèye Arame Thiam, elle affirme : «Amadou et moi nous nous sommes connus sur le site neexna.com. A cette époque, j’avais des difficultés économiques et je voulais aider ma sœur détenue au Mali pour contrebande. Finalement, elle a perdu la vie me laissant ses deux enfants dont j’assure l’entretien. Après notre connaissance, j’entretenais des relations sexuelles avec lui et, en contrepartie, il me remettait des sommes d’argent pour subvenir à mes besoins».
Poursuivant toujours, elle déclare : «quand j’ai rencontré Mor, il m’a sortie de la débauche, m’a demandé de me voiler et de prier chaque jour. Nous avons convenu de nous marier. Mais Amadou n’a pas pour autant arrêter de me persécuter», ajoute-t-elle. Concluant ses allégations, elle confirme : «Etant fatiguée de ses poursuites, j’en ai parlé à Mor et nous l’avons piégé. Acceptant sa dernière proposition d’entretenir des rapports sexuels, je lui ai suggéré de se déshabiller dès son arrivée dans la chambre. Et de m’attendre afin que je termine ma toilette dans la salle de bain. C’est en ce moment que j’ai envoyé un message à Mor pour l’informer de sa présence. Ce dernier l’a pris en photo alors qu’il était nu, en train de m’attendre tranquillement. Finalement, il a porté plainte quand Mor l’a menacé de publier les photos».

LES FAITS SONT CONSTANTS

Pour le procureur, les faits sont constants, car les deux prévenus se sont ligués pour prendre la victime Amadou nu en photo. En plus, la collecte d’images et leur distribution sont établies. Et au regard de tout cela, il demande que les mis en cause soient reconnus coupables de ces deux crimes et qu’une peine ferme d’un mois de prison avec une amende d’un million de francs Cfa soit retenue contre eux. Mais pour les délits de coups et blessures sur la victime, le maitre des poursuites a demandé la relaxe, car des témoins ont affirmé qu’il n’y a pas eu de bagarre.
Me Bamba Cissé, chargé de la défense des prévenus, explique que ses clients avaient seulement l’intention d’apeurer Amadou et non d’exposer ses photos sur la toile.