Fête de l’indépendance de la Gambie : Condé boycotte, Aziz boude
Les deux Chefs d'Etat ont brillé l'un par son absence, l'autre par la brièveté de son séjour en Gambie

Fête de l’indépendance de la Gambie : Condé boycotte, Aziz boude

Les Présidents Aziz et Condé s'entretiennent in peto
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La fête nationale de l’indépendance de la Gambie n’a pas été un moment de joie pour tous les hôtes étrangers. Au total, 9 chefs d’Etat avaient été annoncés pour prendre part à cette cérémonie qui, au-delà de l’événement, marquait aussi le retour du Président Adama Barrow dans son pays, après le départ forcé du Président Jammeh. Tous les Chefs d’Etat annoncés ont honoré leur parole. Le Président José Mario Vaz, qui n’a pas pu quitter son pays en raison de l’instabilité politique qui y règne, a fait voyager son Premier ministre Moctar Cissokho Mballo. Mais le Président Condé, dernier Chef d’Etat à avoir visité la Gambie sous Yaya Jammeh, ne s’est pas présenté, n’a même pas envoyé de délégation. L’ambassadeur de Guinée à Banjul ne s’est même pas présenté et a dépêché un conseiller sur place, qui s’est trouvé esseulé, dans la foule.

Selon des sources concordantes proches de l’organisation, « le Président Condé souffre du déroulement des événements qui ont conduit au départ du Président Jammeh, et surtout du fait que la fête consacrait surtout le leadership du Président Sall, qui était la véritable star hier à Banjul ». Pour sans doute éviter de se sentir à l’étroit à Banjul, face à la nouvelle administration qui ne lui pardonne pas d’avoir tenté de négocier le maintien de Jammeh, le Président Condé a préféré boycotter.
Les observateurs présents ont aussi observé la poignée de main froide et glaciale entre le Président Aziz de Mauritanie et son hôte le Président Barrow. « Ils se sont regardés et d’une main, Barrow a serré fort sa main, l’a regardé. Et quand Aziz a voulu placer l’accolade, Barrow a maintenu sa main raide et les deux hommes se sont regardés froidement sans jamais se faire la moindre accolade. Barrow est ensuite passé à l’ancien président ghanéen assis à côté qui lui, a eu droit à un hug à l’anglaise, avec une tape à l’épaule. C’était évident ». Mais c’est surtout l’arrivée du Président Macky Sall, sous les applaudissements nourris des 40 000 spectateurs gambiens, qui aurait fâché le Président mauritanien. Sans même attendre le discours du Président Barrow, Aziz a demandé à partir avant la fin de la cérémonie, accompagné de ses nombreux gardes du corps qui n’ont trouvé de la place assise qu’à l’arrière de la tribune. 

Les deux Chefs d’Etat ont encore du mal à supporter le départ de Jammeh. « Le Président Sall a été ferme. Quand les avions ont survolé son palais à basse altitude, Jammeh a appelé le Président Aziz pour lui demander ce qui se passait. Aussitôt, Aziz a appelé le Président Sall, qui lui a rétorqué que l’opération avait commencé », renseignent des personnes au fait des négociations qui se menaient. « Quand Condé est arrivé, il a fait face à la même fermeté. « Le Sénégal lu a fait clairement savoir qu’il agissait sous mandat de la Cedeao et des Nations Unies et que s’il quittait sans Jammeh, les troupes allaient immédiatement attaquer. C’est à ce moment que Jammeh a compris que ce n’était plus de la blague, il a demandé un peu de temps pour rassembler ses propres, ses parents et les mettre dans l’avion. La veille, quand Aziz a demandé à parler à l’aéroport pour demander des concessions, Barrow lui a fait savoir qu’il ne savait rien des négociations parce que pour lui, Jammeh, c’était une histoire dépassée ». Tout cela a créé une ambiance délétère et Aziz s’est encore fâché en voyant que le Sénégal était à l’honneur. Sans être le plus ancien des chefs d’Etat, le Président Sall a été le dernier à arriver sur place, juste avant le Président gambien lui-même arrivé à bord d’une Mercedes affrétée par l’Etat du Sénégal.

Beaucoup moins impliquée dans le jeu du voisinage, Helen Sherleaf du Libéria, bien que mal portante et plus éloignée, est restée jusqu'à la fin de la prestation de serment, avant de s'excuser, sous le viva du public. Alors que l'ancien Président du Ghana John Dramani Mahama est lui resté un jour de plus à Banjul. Il a eu un long entretien avec le Président Sall, sans doute sur l'attitude des deux Chefs d'Etat et leur comportement pendant la crise gambienne. Il est prêté à tous les deux l'intention de modifier leurs Constitutions pour briguer un troisième mandat. Du côté du Président Condé, les intentions sont presque clairs.

 

 

Latyr NDIAYE







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