Le Secrétaire général du Pds, Abdoulaye Wade, a décidé de livrer son  plus grand affidé, Farba Senghor, au Conseil de discipline du parti. Abdoulaye Faye et son équipe examinent depuis jeudi dernier, le cas du chargé de la propagande de la formation libérale. Il est reproché à Farba Senghor de s’attaquer au Coordonnateur du Pds, Oumar Sarr, à qui Me Wade a confié les reines du parti depuis «son exil» en France.

Au niveau de la formation Libérale, ce n’est pas seulement l’ancien ministre du transport aérien  du gouvernement Wade qui critique le maire de Dagana et doute de ses capacités à manager le parti. Les pourfendeurs d’Oumar Sarr sont légion dans le Parti démocratique sénégalais (Pds). A commencer d’abord par les souteneurs affichés de Farba Senghor après cette saisine de  Abdoulaye Wade. On peut citer entre autres, les plus irréductibles,  Pape Samba Mboup et Aïda Mbodj. Le maire de Bambey n’a jamais caché son désaccord quand Abdoulaye Wade, dans la foulée de sa défaite lors de la précédente présidentielle devant Macky Sall, a de manière unilatérale désigné  Oumar Sarr comme leader du Pds. Mme Mbodj avait même gelé ses activités au Pds et faisait aussi partie du groupe des frondeurs dirigé par Modou Diagne Fada. Elle n’a réintégré les rangs que lorsque Modou Diagne Fada s’est maintenu à la tête du groupe parlementaire des libéraux et démocrates à l’Assemblée nationale. Tout simplement, parce qu’elle était désignée par ses collègues députés pour diriger ce groupe. C’était un moyen du Président Wade pour la maintenir sans ses rangs et l’opposer ainsi à Diagne Fada.

Fort de ce constat, on s’interroge si la demande de Abdoulaye Wade de traduire les «indisciplinés» de sa formation au tribunal du Pds sera élargie aux autres qui se sont attaqués  à  son numéro 2. Ou alors, Wade est-il le véritable instigateur des manœuvres contre Oumar Sarr, alors qu’approche la période décisive de choix de celui qui doit diriger la liste du Pds aux prochaines législatives ? Il y a quelques semaines, le président Wade a confié à des proches venus le voir, qu’Oumar Sarr le prend pour un taré.
En effet quand s’est posé la question de la participation ou non au Haut Conseil, le Pds avait exigé 10 places, ce que n’avait pas accepté le Président Sall. Finalement, alors qu’Oumar Sarr avait accepté les cinq places, Wade, sous l’influence de Karim Wade, avait un seulement refusé, mais avait fait ébruiter l’affaire, pour couper court aux manœuvres de son coordonnateur national. Il est donc évident que contrairement à ce que l’on pourrait penser, derrière ces sorties de Pape Samba Mboup et Farba Senghor, se cache une drôle de guerre entre Wade et celui qu’il avait placé à la tête du Pds, en pensant qu’il chauffait la place pour son fils.

Dans sa ligne, Oumar Sarr n’est pas seul, puisqu’une bonne partie du Pds est favorable à un rapprochement avec le régime Sall. Leur analyse est froide : s’il maintient ce rythme d’actions et de réalisations, Macky Sall va tout rafler et aux législatives et à la Présidentielle. La bonne démarche serait de trouver une entente avec lui au-delà de la prochaine présidentielle, pour préparer un bon candidat pour 2024. Le Pds est en retard, Karim Wade est mal préparé et rien ne l’empêche de différer ses ambitions jusqu’en 2014. Ce cas de figure, Karim Wade ne veut pas l'envisager. Quitte à diviser le Pds de nouveau. Et pour Wade, donner à l'opinion l'impression qu'il ne peut pas cautionner des attaques contre Farba Senghor. Alors qu'il en est l'instigateur, puisque tout en dénonçant les propos de son ancien écuyer, il dénonce ceux qui seraient tentés de partiser avec... Macky Sall. Du Wade pur et dur.

Pascal GUEYE