Sénégal : une diplomatie sous commandement ?
La Présidence du Conseil de sécurité en tant que membre non permanent a placé le Sénégal sur la sellette

Sénégal : une diplomatie sous commandement ?

Mankeur Ndiaye ministre des Affaires étrangères
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Par Babacar DIONE

Le bilan de l’année 2016 du Président Macky Sall risque de se transformer en un débat sur l’état de la diplomatie sénégalaise. Les rapports entre le Sénégal et la France d’une part, et avec Israël, d’autre part, ont dominé l’actualité en cette fin d’année. Et au-delà, questionnent nos choix stratégiques majeurs, au moment où il est question d'une intervention en Gambie pour y rétablir l'ordre démocratique.

La décision du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de rappeler son ambassadeur à Dakar ainsi que la récente visite d’Etat du chef de l’Etat sénégalais en France sont devenues les actualités brûlantes au Sénégal.

Pour Netanyahu qui entend sanctionner le Sénégal pour avoir co-présidé, avec la Nouvelle Zélande, la résolution 2334, condamnant la colonisation des territoires palestiniens, les sanctions ne sont pas que diplomatiques. Puisqu’outre l’annulation de la visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères en Israël, toute l'aide israélienne au Sénégal est interrompue en attendant que d'autres mesures soient prises. Pour Israël, il y aura un prix diplomatique et économique à payer pour ceux qui «travaillent contre» lui.

Au-delà de la dégradation des relations entre les deux pays, du reste regrettables pour toute diplomatie, le Sénégal perdrait, si Netanyahu va jusqu’au bout de sa logique, l’accompagnement d’un pays à haut potentiel technologique. Israël, réputé pour sa technique du goutte à goutte est en train de financer, avec l’Italie 4 000 fermes familiales. En contrepartie, qu'est-ce que le Sénégal a gagné en portant le projet contre Israël, pays connu pour son influence et sa capacité de dissuasion économique et militaire ?

Israël dispose pas de relations diplomatiques avec beaucoup d’Etats africains. Son aide est assujettie à un soutien politique notamment dans sa volonté de domination insatiable de la Palestine. Alors que le Sénégal, qui préside depuis 1975 le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, ne peut être en arrière plan dans une initiative tendant à réhabiliter la Palestine dans ses droits. Par conséquent, les relations entre les deux pays ne peuvent être un long fleuve tranquille tant qu’Israël ne démordra pas dans sa volonté d’embrigadement des Palestiniens.

La coopération avec la France en débat

Comme au tout début de son accession au pouvoir en 2012, quand il avait décidé de rendre visite au président Sarkozy à seulement 6 jours de la Présidentielle française, la récente visite d’Etat du président Sall en France a fait aussi couler beaucoup d’encre.

Il ne se pose pas le débat sur l’opportunité d’une telle visite, mais la place encore grandissante de la France dans l’Economie sénégalaise fait beaucoup jaser. Le dernier grand contrat est celui, d’un coût de 568 milliards de F Cfa décroché par Alstrom pour la réalisation du TER et la livraison de 15 trains.

Au même moment, la compagnie française Total a signé un protocole pour l’exploration de l’offshore profond sénégalais. Alors que les compagnies françaises étaient jusque là insensibles à la découverte du pétrole au Sénégal. C’était seulement en apparence. Car, la France semble plus que jamais décidée à prendre sa place, à la hauteur de l’aide qu’elle octroie au Sénégal.

L’ancienne métropole demeure en effet le premier donateur bilatéral avec 131 M€ d’APD (Aide publique au développement) nette en 2008, loin devant les Etats-Unis, l’Espagne, les Pays-Bas et l’Allemagne, selon les chiffres fournis par le site de l’Ambassade de la France à Dakar.

La France est, également de loin, le premier client européen du Sénégal et son troisième client mondial, après le Mali et l’Inde, ainsi que son premier fournisseur, loin devant les autres pays européens. 250 entreprises françaises sont implantées au Sénégal et emploient près du quart des salariés du secteur privé, rapporte la même source.

La coopération militaire n’est pas en reste puisque le Sénégal est le premier pays bénéficiaire, avec 26 assistants militaires techniques et une coopération d’un montant de 5,8M€ en 2009.

On ne peut pas reprocher au président Macky Sall de vouloir consolider une telle coopération.

Mais le Sénégal gagnerait beaucoup à diversifier ses rapports économiques avec d’autres pays. Aucun Etat ne peut négliger le poids économique des BRICS (Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud). Ce regroupement de pays développés et émergents né en 2001 s’est imposé dans la nouvelle architecture économique et politique mondiale.

Tout comme les pays du golfe très présents au Sénégal du temps de l’ancien régime et que l’on voit moins investir dans les projets au Sénégal.

Il faudra rectifier le tir.

 

 

B. DIONE







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