Par Babacar DIONE
Trois autorisations de manifestations ont été déposées à la préfecture de Paris par l’opposition sénégalaise. Celle-ci entend mobiliser au niveau du Quai Branly ainsi que dans d’autres artères stratégiques empruntés par Macky Sall afin de perturber la visite d’Etat qu’il effectue dans la capitale française à partir de ce dimanche 18 jusqu’au jeudi 22 décembre 2016.
En délocalisant sa marche initialement prévue à Dakar, l’opposition entend poursuivre Macky Sall jusque dans la capitale française et, comme qui dirait, jeter du sable sur les honneurs que la République française, à travers ses plus hautes institutions, compte rendre au chef d’Etat sénégalais : une prise d’armes à l’occasion de laquelle le président Sall sera accompagné par la cavalerie montée, avant un déjeuner à l’Elysée avec le président Hollande.
Il est également attendu de cette visite d’Etat de cinq jours, des accords en matière d’emploi, un financement de 100 milliards que la France va garantir auprès de la Société générale de France.
Déjà, le drapeau sénégalais trône à côté du drapeau tricolore français le long des boulevards les plus empruntés de Paris pour donner ainsi toute sa singularité à la visite d’Etat, du reste plus prestigieuse que toutes les autres visites officielle, de travail ou privée dans la hiérarchie protocolaire de la République française.
C’est ainsi que le Sénégal n’en a pas bénéficié depuis 22 ans. C’était sous le président Abdou Diouf. Le président Abdoulaye Wade n’en a pas eu droit.
Est-ce que cela inciterait l’ancien chef d’Etat sénégalais à cautionner les manifestations de l’opposition dirigée par le Parti démocratique sénégalais dont il est encore le secrétaire général national?
Il est difficile de penser le contraire. D’autant que ce qui risque de se passer à Paris, n’est que le remake de l’histoire.
Il y a presque deux décennies, précisément en 1999, Me Abdoulaye Wade, alors leader de l’opposition, avait poursuivi Abdou Diouf jusqu’au Palais Bourbon. Le président sénégalais d’alors, était l’invité de l’Assemblée nationale où il était appelé à prononcer un discours devant les députés français. C’était la première fois qu’un chef d’Etat de l’Afrique noire recevait cet honneur.
En compagnie de l’opposition sénégalaise, Me Wade a tenu un point de presse pour dénoncer les «agissements anti démocratiques» du président Diouf et pris d’assaut certaines avenues de Paris,
Cette décision, en son temps, avait fait couler beaucoup d’encre. L’on s’est, en effet, interrogé sur l’intérêt d’une telle démarche au moment où le Sénégal, Etat souverain, était appelé à relever, avant tout avec ses fils, les énormes défis qui se dressent sur son chemin.
Hier comme aujourd’hui, perturber la visite d’un chef d’Etat sénégalais à l’extérieur, c’est ternir l’image du Sénégal. Quelque soit, par ailleurs, l’impact qu’une telle initiative peut avoir sur l’opinion française ou européenne.
Ce n’est pas parce que Me Wade s’est installé à Versailles depuis la perte du pouvoir que le combat de l’opposition devrait se délocaliser à Paris.
Les Français n’ont jamais compté sur le Sénégal, encore moins sur les Sénégalais pour résoudre leurs problèmes politiques. Et Dieu sait qu’ils en ont à revendre en ce moment.
L’attitude de l’opposition ne fait qu’ajouter au complexe que beaucoup d’autorités africaines nourrissent à l’égard de l’ancienne métropole.
A la décharge des opposants de Macky Sall, le droit de manifester leur est presque dénié dans leur propre pays. Ils sont laissés à la merci des services d’ordre et matés à chaque fois qu’ils décident de battre le macadam. Ce qui est regrettable au 21e siècle et pour un pays comme le Sénégal.
Malgré tout, on attend de la classe politique sénégalaise qu’elle encourage plutôt le président Sall à adopter une posture responsable devant son homologue français. Que les intérêts du Sénégal soient pris en compte avant toute autre considération.
Un signal fort a été donné dans ce sens par le chef d’Etat sénégalais quand, répondant à une question de France 24, Macky Sall s’est clairement défini contre le retour de migrants sénégalais moyennant de l’argent ou des accords économiques.
Au-delà de l’aspect folklorique et du prestige que revêt le séjour parisien du président Sall, le Sénégal ne peut attendre ni plus ni moins que d’instaurer des rapports francs et sincères avec la France. Gagnant-gagnant pour l’Economie et les opérateurs économiques des deux pays.
Babacar DIONE
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