Qui va succéder à Sepp Blatter? Jamais une élection à la présidence de la Fifa n'a semblé si ouverte. Le contexte, marqué par de multiples révélations de scandales, en particulier de corruption, est inédit. Après le retrait de Michel Platini, cinq candidats ont été confirmés par la fédération internationale ce mardi. Ils n'ont pas tous les mêmes chances. Présentation.
Salman, le grand favori
Où en est-il? Le Bahreïni Cheikh Salman, président de la puissante Confédération asiatique (AFC), vice-président de la Fifa, âgé de 49 ans, s'avance dans la peau du favori. Pourquoi? Une convention de coopération récemment signée entre l'AFC et la Confédération africaine suggère un accord électoral. L'Afrique, avec ses 54 voix sur les 209 votants, est le plus gros contingent électoral devant l'UEFA (53 voix car Gibraltar n'est pas reconnu par la Fifa). En y ajoutant les 46 voix théoriques de l'Asie, Salman pourrait donc s'assurer un beau matelas. Sa grande proposition: il veut séparer les pouvoir politique (organisation) et administratif (business) de la Fifa. Fin politique, il a déclaré récemment sur Skysports qu'il aimerait travailler, s'il était élu, avec Alex Ferguson, ex-coach emblématique de Manchester United, et Richard Scudamore, directeur général de la Premier League. Ferguson pourrait être une caution foot et Scudamore celle de la réussite financière du puissant championnat anglais. Son point faible: Salman est vivement critiqué par les organisations de défense des Droits de l'Homme pour son rôle dans la répression du soulèvement démocratique de 2011 à Bahreïn. Il est également accusé d'avoir utilisé une partie des fonds de Goal, le programme de développement de la Fifa, pour financer sa campagne de 2009 pour la présidence de l'AFC.
Infantino, le poids lourd européen
Où en est-il? Gianni Infantino, N .2 de l'UEFA, 45 ans, était seulement connu jusqu'ici du grand public comme l'homme chauve qui préside au tirage au sort de la Ligue des champions. Ce juriste polyglotte italo-suisse s'était lancé préventivement dans la campagne le 26 octobre, au cas où son patron, Platini, ne pourrait se présenter. Dès le départ, il a mené une vraie campagne de terrain, sillonnant le monde pour se départir de son étiquette de candidat de l'Europe. Ses soutiens en Amérique centrale et en Amérique du sud, ajoutés aux voix en Europe, font de lui un personnage incontournable dans cette élection. Les observateurs le voient ainsi en mesure de négocier son soutien à Salman en échange d'une préservation des intérêts de la Confédération européenne. Sa grande proposition: il veut faire passer la Coupe du monde de 32 à 40 équipes. Autre proposition : la publication des salaires de tous les dirigeants de la Fifa, en limitant les manfats du président et des membres du conseil à 3 mandats de quatre ans. Son point faible: il est le candidat de la puissante Europe du football, ce qui le rend suspect aux yeux des petites fédérations.
Ali, le prince isolé
Le Prince Ali bin al-Hussein de Jordanie, candidat à la présidence de la Fifa, lors d'un entretien avec des journalistes, le 9 décembre 2015, à Dakar.
Où en est-il? Le Prince Ali, demi-frère du roi Abdallah de Jordanie, âgé de 39 ans, peu charismatique, avait poussé au 2e tour Joseph Blatter le 29 mai dernier, avant de se retirer. Mais il était alors soutenu par l'UEFA, qui est cette fois derrière Infantino. Sa grande proposition: une allocation de 700 millions d'euros de réserves pour moderniser les stades dans le monde. Son point faible: il n'a pas l'appui de la Confédération asiatique qui soutient Salman. En voyant l'accord de coopération signé entre l'Asie et l'Afrique, il a dénoncé une "tentative de violer les règles électorales". Il n'a pas de réserve de voix.
Champagne, manque de notoriété
Où en est-il? Jérôme Champagne, diplomate français de formation, âgé de 57 ans, connaît à la fois la Fifa (où il a passé 11 ans) pour y avoir été secrétaire général adjoint et l'ensemble des 209 fédérations pour avoir été directeur des relations internationales. Proche de plusieurs fédérations pour lesquelles il mène des missions (Palestine, Kosovo) et malgré le soutien de Pelé, il doit cependant combattre un manque de notoriété et l'étiquette d'un candidat qui plaît à Blatter. Sa grande proposition: la construction de 400 stades dans le monde sur son premier mandat. Son point faible: il ne semble pouvoir compter que sur le soutien de quelques petites fédérations. Lors de la précédente présidentielle, il n'avait pas réussi à réunir les cinq parrainages indispensables pour se présenter...
Tokyo Sexwale, trop discret
Où en est-il? Le Sud-Africain Tokyo Sexwale, 62 ans, compagnon de prison de Nelson Mandela, brillant orateur, se présentait au départ comme l'homme neuf réclamé par beaucoup, loin des scandales de la Fifa, même s'il était membre du comité de candidature et d'organisation du Mondial-2010 en Afrique du Sud. Mais l'homme d'affaires sud-africain a peu à peu disparu des écrans radar et a été prié par la Fédération sud-africaine de s'expliquer sur sa trop discrète campagne. Sa grande proposition: il souhaite que les membres du comité exécutif, le gouvernement de la Fifa, soient élu en même temps que le président. Son point faible: il souffre de plus d'un manque d'appuis au sein du foot mondial, alors que ce sont les 209 fédérations membres de la Fifa qui élisent le président.
L’Express
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