Le Sénégal, décidément, est une démocratie spécieuse. Tenez-vous bien. Un taximan, dans une station d’essence, se querelle avec une personne. L’altercation vire au drame et le taximan est tué. Il nous est arrivé d'être copieusement injurié par un taximan, juste parce que nous lui avons rappelé le code. Ou de voir sa voiture acheté au prix de nombreuses économies, cabossée par un taximan et recevoir en retour "auto rekla du dara". C'est une de ces altercations qui a malheureusement tourné à l'irréparable. Le lendemain, toute la corporation bloque les grandes artères, interpelle directement le ministre de l’Intérieur à se prononce sur la méthode de délivrance des permis de port d’arme, dénonce l’inaction du Président de la République. Leur Chef l'interpelle directement et l'appelle à intervenir. Rien de moins. Sur tous les réseaux sociaux, rédios, télés, ils dénoncent le régime, soupçonnent même le pouvoir de cacher l’accusé. Une mort n'est jamais souhaitable. Celle d'hier notamment. Mais pouvez-vous imaginer tous les Sénégalais qui meurent dans des accidents impliquant des taximen, des transporteurs, tous les camionneurs, tous les délinquants tués, les victimes de braquages à main armée bloquer le pays pour réclamer l’arrestation de tous les voleurs, la suspension des permis de conduire de tous les taximen récalcitrants impliqués dans des accidents mortels ? Si les victimes des taxis avaient un syndicat, ils se feraient eux aussi entendre.