Les injures politiques dans les médias ont une longue histoire, datant de l'époque du Politicien, média public qui avait eu beaucoup de procès, au début de la privatisation des médias. Mais c'est sans doute au début du premier septennat d'Abdoulaye Wade, que le régime à l'époque en a fait une arme de guerre. En l'espace d'un mois, trois journaux ont été créés : Sopi nouvelle version, Le Messager puis Il est midi, Xibaar. Ont fini par rejoindre ce lot d'autres médias, créés dans le seul but d'insulter, de ternir l'image d'Idrissa Seck et de son Conseiller en communication, Souleymane Jules Diop. Insultés sur leurs origines, leur image était ternie. A l'époque, Le Messager puis Il est Midi n'avaient que ces deux clients et tout y passait : leurs familles, leurs parents. "Il était écrit dans les journaux que j'étais un consommateur de Cocaïne, au point qu'arrivé au Canada, j'ai eu du mal à mes débuts, à trouver un travail sérieux. C'était aussi le début de l'expansion de Google", racontait SJD dans une interview avec le site Rewmi. Puis ces injures se sont étendues à ses parents. "Un jour, ma mère était opérée du cancer, au Canada. Elle aiment voir les nouvelles, au moment de sa convalescence. J'ai tout fait pour qu'elle n'accède pas au téléphone, à l'internet. Parce qu'au moment où elle était internée au centre de cancérologie de London, Il est Midi avait écrit qu'elle vivait en concubinage avec "un chauffeur aux Etats Unis. Ma mère n'a jamais imaginé sans doute ça, au moment où elle célébrait ses 40 ans de mariage, racontait-il, le coeur gros. Ils ont ensuite parlé de mon père, de son handicap, en écrivant qu'il claudiquait, disant qu'ils l'avaient aperçu au foirail en train de "négocier un mouton. Ces injures ont duré sept ans.
Comment se retrouve-t-il alors aujourd'hui face à ceux qui l'accuse d'insulter ? "J'ai parlé et écrit pendant 7 ans. Je ne connais pas l'injure. Les propos durs, oui. Dire les choses comme elles sont, oui. Je n'ai jamais insulté quelqu'un. Je ne connais ni la haine ni la rencune. Quelques rancuniers ont voulu travestir l'histoire, alors que ce sont eux qui ont promu l'injure, qui l'ont institutionnalisée. Je suis journaliste depuis plus de 20 ans. Si j'étais insulteur je ne serais pas là. On m'a insulté, oui. On m'a calomnié, oui. On m'a diffamé, oui, pas moi".
Pour ce qui est d'Idrissa Seck, la ligne a toujours été ne jamais répondre à de tels propos. Il a été attaqué sur ses originies griottes, sur ses diplomes, et accusé de tenter un coup d'Etat. Les deux hommes avaient pourtant averti. "J'avais dit à Abdoulaye Wade que ce n'était pas une bonne idée, que ce serait un précédent dangereux, au cours de deux audiences. Ces informations sont publiques, rapportées par ces journaux-mêmes. Mboup et Farba Senghor en sont témoins. Moi qui avertissait contre les injures publiques, moi qui ai été insulté de 2002 à 2012, mes parents, mes enfants, je suis devenu subitement un insulteur. Je ne m'en offisque pas. C'est un mensonge qui finira comme tous les mensonges, dans les poubelles de l'histoire", s'indignait en 2003, l'ancien journaliste.

Abdoulaye FALL