Quand hôpitaux et populations baissent la garde
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Quand hôpitaux et populations baissent la garde

Quand hôpitaux et populations baissent la garde
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Le Sénégal est-il en train de rentrer, petit à petit, dans une phase de banalisation de la maladie à Covid-19, au point de confondre le slogan « Apprendre à vivre avec le virus » et abandon progressif des mesures de protection contre le nouveau coronavirus. Le constat fait au niveau de plusieurs hôpitaux de niveau 3 renvoie à une sorte de légèreté coupable qui biaise les habituels dispositifs sanitaires de protection individuelle et collective. Autrefois, devant les hôpitaux se trouvaient des dispositifs de lavage des mains, des gels hydro alcooliques. Mais à présent, seul le thermo flash tente de jouer le gendarme à l’entrée au péril d’ouvrir largement le boulevard à la Covid-19. Pis, au sein des populations, le relâchement dans l’observance des mesures barrières se fait de plus en plus manifeste alors que les cas positifs augmentent, les cas communautaires persistent et les cas graves martyrisent la faible capacité en services de réanimation disponibles dans les infrastructures hospitalières. Reportage

Lors de son adresse à la Nation du lundi 11 mai 2020, le chef de l’État avait déclaré : « nous devons apprendre à vivre avec le virus », sans oublier d’insister sur le fait que « le respect des mesures de distanciation physique et des gestes barrières est l’essentiel pour éviter des risques de contamination ». Mais, ces propos semblent à contrario donner corps à une forme de banalisation de la maladie dans les rangs, manifestement par la recrudescence des regroupements populaires, l’abandon progressif du port de masques mais aussi au niveau des structures sanitaires qui ont subitement orchestré la disparition des dispositifs de lavage de mains, des gels hydroalcooliques à l’entrée des réceptifs. C’est le cas à l’hôpital de Grand Yoff. Ni dispositif de lavage des mains ni gel hydro-alcoolique, seul le thermo flash est brandi à l’entrée de cet hôpital de niveau 3 dans le but de relever la température des entrants et ainsi filtrer les porteurs de Covid-19. Même son de cloche au niveau de l’hôpital universitaire de Fann.

Au mois d’avril, l’arsenal de guerre pour la protection et le filtrage à l’entrée de cet hôpital était conséquent, mais depuis peu on peut constater un scénario de relâchement ou encore de banalisation de la maladie allant de la suppression des dispositifs de lavage de mains, de l’usage de gels hydro-alcooliques pour s’en remettre uniquement à un thermo flash. Un instrument qui ne peut contrecarrer la circulation des asymptomatiques, ou porteurs de Covid-19 sans signes apparents. Dans ce même registre, les populations semblent elles aussi marquer le pas d’un retour à la case départ. Transports en commun débordés de monde, matchs de football réunissant plus de 200 personnes et rencontres festives se multiplient, le port de masque peu à peu délaissé ou agrafé au menton pour éviter l’intervention des forces de l’ordre…

Des actes qui peignent une sous-estimation du mal qui guette. « La maladie est en voie de disparition », a fait ainsi savoir Claude Sarr, rencontré dans la rue. Avant de conclure : « Le Sénégal est tiré d’affaire ». Comme lui, Christian Diédhiou, convaincu que le Covid-19 est derrière nous, se dit d’avis «qu’il faut que l’État supprime catégoriquement l’état d’urgence, car la maladie est en voie de disparition. Il n’y a plus de danger. Il faut qu’ils arrêtent de nous faire peur avec des nombres de cas fictifs afin d’avoir des financements». Ce constat d’abandon progressif des mesures de protection s’illustre également au niveau des maisons où les boites vides de gels hydro-alcooliques servent désormais à décorer les tables et même les mini bibliothèques. Interrogé, Samba Guèye, père de famille de d’expliquer : « nous avons à peine de quoi manger, alors difficile de se préoccuper du renouvellement des gels hyrodroalcooliques ».

 Et de poursuivre : « ces politiciens adeptes de la politique politicienne n’ont pas manqué l’occasion de crier sur tous les toits la distribution de sacs de riz et autres produits alimentaires. Jusqu’à ce jour, je n’ai bénéficié d’un demi-bonbon de personne, alors que mon salaire m’est impayé depuis 2 mois ». Pour conclure, il dit s’en remettre à son créateur : « que Dieu veille sur nous. Car il est quelquefois mieux de piquer le virus afin de bénéficier de bons repas dans de luxueux hôtels que de moisir et pis, de voir agoniser de faim ta progéniture». Le constat est fait, dur comme le fer. Alors que les chiffres sont loin de prêter foi à une fin d’épidémie avec, chaque jour, près de 100 cas de Covid-19 déclarés, et une montée en flèche des cas communautaires ainsi que des cas graves, le relâchement semble la chose le mieux partagée. Au point de pousser le ministre de l’Intérieur à postuler à une amende de 20000F pour tout citoyen qui serait arrêté sans masque dans les lieux de forte fréquentation.

 







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