Un tel merci, adressé à une autorité administrative, représentant de l’Etat, ne devrait pas être, pour ainsi dire. Mais nous sommes arrivés dans notre pays, à un tournant qui nous oblige tous à des prises de responsabilité. Le moment est en effet venu de savoir si nous voulons être et rester un Etat laïc et démocratique, ou si nous voulons nous abandonner à la merci de groupes fanatisés qui nous obligent et nous soumettent, selon l’interprétation qu’ils feront de leurs propres croyances.
Il est évident que si les premières consignes concernant le Coronavirus avaient été respectées scrupuleusement, nous n’aurions pas eu aujourd’hui Touba comme épicentre et principal foyer de propagation de cette pandémie. C’est malheureusement le cas, parce qu’il s’est trouvé des hommes assez benêts pour croire que leurs serignes, eux-mêmes mortels, pouvaient les protéger des ravages de ce virus.
J’ai été choqué d’entendre les organisateurs du Kazou Rajal, qui devait s’organiser quelques jours après le Maggal de Porokhane, confier leur sort, non plus à Dieu, mais à leurs serignes.

Il s’agit d’un fanatisme dangereux qui interpelle la République dans sa vocation unitaire. Et il s’est aussi trouvé, de l’autre côté, dans la seconde communauté religieuse, un illuminé, Iran Ndao pour ne pas le nommer, pour menacer vertement le Président de la République, en disant que si les écoles coraniques étaient fermées, ce que Macky Sall n’oserait pas faire selon lui, le pays serait transformé en cendres.
C’est le lieu de relever ce défi, qui est un défi contre la République. Car le moment est venu pour tous les laïcs républicains, tous ceux qui pensent que la Foi est du domaine personnel et du privé (qui pensent que la liberté de culte n’est pas une obligation de culte), que la République est défiée, menacée. Elle ne l’a jamais été autant. Le moment est venu de comprendre qu’il n’existe pas un pouvoir religieux, il existe une communauté religieuse tout simplement, comme existent et subsistent d’autres communautés à l’intérieur de cette communauté de croyants.

Ce que l’iman de la Grande mosquées a déclaré est inadmissible, inacceptable dans une République. Pour trancher cette question, de grandes Nations sont passées par des oppositions fratricides qui ont menacé leur unité. A ces religieux fanatiques, il faut opposer une seule et même détermination, cette de sauver une République dans laquelle s’expriment les différences, l’acceptation de l’autre. Sur cette question, la communauté politique doit faire bloc et imposer la force de l’Etat, l’impersonnalité et la généralité de la Loi.


Abdoulaye NDIAYE