QUAND LE PDEF FAIT MIEUX QUE LE PAQUET
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QUAND LE PDEF FAIT MIEUX QUE LE PAQUET
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Comment comprendre en effet que le passage du programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef) au programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) produise des résultats très en deçà des attentes.

Loin d’être de qualité, le système éducatif souffre, pour le moment, de différents maux : faible taux de réussite aux examens nationaux, taux élevé de redoublement et d’abandon, absence d’une réelle indignation des acteurs de base : les parents d’élèves. Le pilotage de l’école sénégalaise présente un certain nombre de paradoxes. Comment comprendre en effet que le passage du programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef) au programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) produise des résultats très en deçà des attentes. Pis encore, en référence aux taux de réussite des deux périodes de changement de politique éducative, l’on se rend compte que le Pdef fait mieux que le Paquet censé insuffler la qualité des enseignements apprentissages. A l’évidence, l’hémorragie d’une école à l’agonie se poursuit. La preuve, tous les agrégats permettant d'apprécier le niveau d'accès et de qualité du système sont au rouge.

2001-2019 :

18 ans que le système éducatif est traversé par deux politiques majeures pour le développement de l’éducation et de la formation. Les acteurs essaient de contextualiser les programmes à l’orée des enjeux nouveaux. Après une décennie de mise en œuvre du Programme Décennal d'Education et de Formation (Pdef 2000- 2011), le gouvernement a adopté en 2013 un nouveau Programme d'Amélioration de la Qualité, de l'Equité et de la Transparence du secteur de l'Education et de la Formation (Paquet-EF). Il s’agit d’un cadre d'opérationnalisation de la Lettre de Politique Générale (2013- 2025) avec comme ambition de bâtir un système d'éducation et de formation équitable, efficace, efficient, conforme aux exigences du développement économique et social. On était en droit de s’attendre à ce que l’école publique sénégalaise prenne la route de la qualité après une évaluation profonde du Pdef et une orientation soutenue des efforts vers l’amélioration constante de la qualité et de l’équité dans les enseignements apprentissages. Il va falloir déchanter car, en tirant le bilan du Pdef, les autorités n’ont pas porté de gants pour dégager les limites notées du programme. Il s’agit de l’insuffisance et de l’inadaptation de l’offre d’éducation et de formation, la faible qualité de l’enseignement dispensé à tous les niveaux, le pilotage pédagogique et la gestion administrative inappropriés, même si l’élargissement de l’accès à tous les niveaux du système éducatif a eu des résultats acceptables. Il a été constaté que la massification des effectifs scolaires ne s’est pas accompagnée d’une éducation de qualité. « Au CP et au CE2 un peu plus de la moitié des élèves maîtrisent les compétences de base en lecture en mathématiques », indique-t-on dans le bilan contrasté du Pdef (2001-2011). Une des particularités du Pdef est la scolarisation de bon nombre d’enfants dans des conditions précaires. Des abris provisoires à la place des classes en dur pour éclater souvent des effectifs pléthoriques et absorber la demande pressante d’élèves qui frappent aux portillons des écoles. Cette situation d’un enseignement faible à tous les niveaux, découle de l’insuffisance du temps réel d’apprentissage, liée au démarrage tardif des cours après l’ouverture officielle des classes, surtout dans les régions Sud et Sud-Est où la pluie s’installe au mois de mai jusqu’en novembre, aux perturbations scolaires relatives aux grèves d’enseignants ou d’élèves, aux nombreuses fêtes, à l’absentéisme des enseignants, etc. Les évaluateurs du Pdef avaient aussi pointé du doigt la faiblesse de la qualification professionnelle des enseignants avec l’existence d’une masse d’enseignants sans formation de base qui obère la qualité des enseignements et apprentissages : à l’élémentaire, 48 % des maîtres sont qualifiés (seulement 20 % au niveau du privé). C’est la même chose observée aux Moyen et Secondaire. Sous ce même registre, il faut noter que l’Etat du Sénégal n’a jamais, du moins pour la plupart du temps, pris à bras le corps la formation continue. Elle a toujours été laissée à la discrétion des partenaires techniques et financiers.

CFEE : UNE CHUTE DE 20 POINTS

Bien que la pertinence ou non du Certificat de fin d’études élémentaires soit très problématique dans un contexte de pilotage du cycle fondamental, ses résultats sont décevants. A l’heure de la scolarisation massive des enfants occasionnant une augmentation de candidats à l’évaluation du Cfee, le score à l’élémentaire n’a jamais dépassé la barre des 80%. De 70,7% en 2008, le taux de réussite du Cfee est passé à 60,80% en 2009 pour atteindre la valeur de 52,9% en 2012 à la fin du Pdef, soit une chute de 20 points. 33,9% en 2013 en dépit de tous les efforts consentis par la généralisation de la mise en œuvre du curriculum de l’éducation de base (Ceb) et de l’introduction du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la Transparence (Paquet). En l’espace d’un an, on note une chute de 20 points. La pente est raide, alors que des palliatifs ont été apportés. Ce score de 2008 reste le meilleur taux de réussite à l’élémentaire entre 2005 et 2018, et, peut-être même 2019 en attendant les données agrégées. Le système semble opter pour la pédagogie de l’échec. C’est le nivellement par le bas. Le résultat de 2013 aura surpris plus d’un. Le taux de réussite de 33,9% montre un niveau très faible des élèves, alors qu’il a été retenu dans le document de normes et standards de qualité en éducation et en formation, que 80% des apprenants maitrisent 80% des enseignements apprentissages. La situation a empiré. Le système sombre. Les résultats n’ont guère évolué, notamment en 2014 (34,30%) et en 2015 (38%). Entre 2016 et 2018, on note un léger mieux : 2016 (58,30%), de 2017 (56,74%) et 2018 (55,51%).

DES ECOLES A ZERO ADMIS

Bon nombre d’écoles ont sombré sans une moindre admission déclarée. 35 établissements scolaires du département de Goudomp (région de Sédhiou) ont affiché 0 admis au Cfee en 2014. En 2015, cinq (5) écoles dans le département de Médina Yoro Foulah n’ont enregistré aucun candidat admis. C’est le cas en 2016, notamment à Kaffrine où 11 établissements scolaires, à l’issue des épreuves de cette année au Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE), contre 54 écoles, ont eu zéro admis.

 59,80% DE TAUX D’ACHEVEMENT A L’ELEMENTAIRE EN 2018

 Le Rapport national de l’année 2018 sur la situation de l’Education (Rnse) indique que le taux d’achèvement à l’Elémentaire évolue en dents de scie, passant de 60,40% en 2013 à 59,80% en 2018, alors que l’objectif était de 70%. Les taux plus élevés ont été enregistrés en 2014 (61,10%) et en 2017 (61,20%).

INFRASTRUCTURES, MANUELS

En 2016, sur l’ensemble du territoire national, le Sénégal comptait 12 980 classes multigrades contre 6394 en 2006 et 2894 classes à double flux, alertait la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep). Ce dispositif n’est pas de nature à garantir aux élèves un temps d’apprentissage suffisant, de disponibilité d’un matériel didactique spécifique et de renforcement des compétences professionnelles des enseignants. S’y ajoute la mauvaise qualité de l’environnement pédagogique : l’insuffisance des manuels et matériels didactiques mis à la disposition des élèves et des personnels et manque d’efficacité du dispositif de formation initiale et surtout continue des enseignants. Insuffisance de la formation de base C’est dire que le Paquet n’a pas eu les effets escomptés sur la qualité à l’orée des objectifs de développement durable. Les résultats scolaires n’épousent pas la qualité des services éducatifs voulue. Le rendement interne est déficient. L’objectif de 70% manque d’ambitions. TBS laisse 1, 5 million d’enfants en dehors du système éducation. Décevant !

UN CYCLE MOYEN TOUJOURS A LA TRAINE

 Il en a été de même pour le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). La faiblesse des résultats est notable. Désastreux ! Le faible quantum horaire a finalement eu raison sur l’école et les potache, surtout dans le moyen secondaire. En 2009, le résultat était de 35,39% de taux de réussite contre 47,50% à la session 2010. Sur un nombre total d'inscrits de 158.013 candidats, 81.580 ont réussi à leurs examens, soit 53,94 % en 2011. En 2012, le résultat connaît une hausse avec 59,60% de potaches qui seront orientés dans les lycées. A l’occasion de la première année de mise en œuvre du Paquet, seuls 41,20% des élèves vont décrocher le diplôme sanctionnant la fin du cycle d’enseignement moyen en 2013. De 2014 (42,50) à 2019 (51,71%), le taux de réussite du Bfem restera dans l’intervalle entre 40 et 50%. A la défunte année académique, sans perturbations majeures, près de la moitié des candidats ont échoué au Bfem. En analysant les taux de réussite, on se rend compte que près de 5 élèves sur 10 ne maîtrisent pas certaines différentes compétences et risquent de rencontrer de sérieuses difficultés d'apprentissage au collège. Le niveau des élèves demeure trop faible, malgré les ajustements dans le moyen.

UNE MOYENNE DE REUSSITE DE 30% AU BACCALAUREAT

Pendant une décennie de mise en œuvre du Pdef, le meilleur score du baccalauréat est enregistré en 2006 avec un taux de réussite de 48,8%. Ce pic d’élèves décrochant le premier diplôme universitaire, a suscité l’espoir pour un programme qui commençait à porter ses fruits, comparé aux résultats des années précédentes : 2001 (35,1%), 2002 (39,7), 2003 (43,2%), 2004 (46,1%) et 2005 (45,4%). Autrement dit, le taux de réussite du baccalauréat a connu une hausse de 13 points après 6 ans de mise en œuvre du Pdef. C’est à partir de 2009 qu’on enregistre une chute spectaculaire de 14 points. Les résultats sont passés de 48,8% à 34,7%, avant de remonter à 42% en 2010. Entre 2010 et 2014 (31,8%), une chute encore de 10 points, tout comme il a été noté un taux de réussite de 31% qui frappent aux portes des universités publiques du Sénégal déjà en sureffectifs. La conjugaison des facteurs bloquants combinée à la faiblesse d’un encadrement pédagogique et administratif, une éducation de qualité à tous les niveaux, ont fini par produire des résultats en deçà des efforts déployés par l’Etat, la communauté et autres acteurs. Comme pour dire que l’objectif de 80% de taux de réussite fixé dans le document « Normes et standards de qualité », était quasi-impossible à atteindre. Une simple utopie. L’école traverse une crise profonde, au grand dam des parents et élèves. Le gouvernement se réjouit des milliards injectés, tandis que les enseignants font grève et veulent plus d’équité dans le traitement des agents de la Fonction publique. La confiance entre les acteurs en pâtit. Les solutions ne manquent pas. Les directives issues des Assises nationales de l’éducation et de la formation attendent une réelle volonté politique.

 

SudQuotidien

 
 
 






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