On peut tout reprocher au président de l’Alliance pour la république (Apr) Macky Sall, sauf de manquer d’intelligence politique. Comme celle qui consiste à avoir convoqué des réunions, en comprenant que des vents défavorables soufflent contre les manœuvres de sa barque. Tous les grands responsables politiques de la région de Dakar ont été en conclave au King Fahd Palace, avant-hier, pour une sorte de revue des troupes dans laquelle le président Sall a donné la consigne à ses responsables de ne pas de laisser dépasser par l’opposition qui, elle, semble avoir le vent en poupe.

Le parti au pouvoir est dans les cordes, dans la bataille de l’opinion sur l’interprétation de l’arrêt de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Raison pour laquelle le chef de l’Etat a demandé à passer à l’offensive, en occupant l’espace médiatique. En substance, il a demandé que l’argumentaire de l’opposition très favorable au maire de la capitale sénégalaise, « qui commence à prendre racine dans les esprits », soit contré par une interprétation juridique aux antipode, en mettant à contribution des hommes de l’art (juristes) du parti qui étaient présents », souffle notre source qui a pris part à la rencontre. Cette dernière de souligner que Macky Sall, qui a jeudi dernier rencontré ses alliés de Benno Bokk Yaakaar (Bby), ne s’est pas voulu défaitiste, malgré les dispositifs extrêmement critiques de la Cour d’Abuja condamnant, par exemple, l’Etat du Sénégal à payer 35 millions de francs CFA au maire Khalifa Sall ou les nombreuses violations de ses droits mentionnées dans le plumitif.

Selon nos sources, le président a déclaré, lors de cette rencontre, que « rien n’était perdu puisque, quelle que soit l’issue que pourrait entrainer cet arrêt, il est hors de question de laisser tomber la bataille contre le bradage des maigres ressources publique et la corruption » et que « l’Etat ne va pas céder un pouce de terrain dans sa volonté de confirmer le jugement de première instance, malgré le désir de son chef d’être légaliste dans cette exigence ».

Remobilisation

Comme il fallait un prétexte pour cette entrevue entre responsable, l’accueil du président chinois, Xi Jingping, le week-end prochain, a été la bonne occasion de coaliser les forces vives de l’Apr et déterminer le cap dans cette mer politique agitée, à moins d’un semestre de la prochaine présidentielle. Concernant ce point également, Macky Sall, qui postule pour un deuxième mandat, a également appelé à la mobilisation des caciques pour l’acceptation populaire de l’une de ses réformes : le parrainage.

Sur ce point, le président de la République a mis à profit la conférence des leaders de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour demander à Mbaye Ndiaye, directeur des structures de l’Apr, de présider la réunion entre les responsables de la région de Dakar. Aussi, pour rallier l’opinion à sa cause, le directoire de l’Apr estime « qu’il faut se battre, mouiller le maillot comme si c’était une campagne électorale », affirme-t-on.

La mobilisation d l’opposition, vendredi dernier, a également interpellé l’état-major dakarois du camp au pouvoir. Une jonction des forces qui serait difficile à combattre, si cette dernière venait à se coaliser, comme l’a du reste démontré la victoire à l’arrachée, lors des dernières législatives dans la capitale sénégalaise.

(Source EnQuête)